samedi 15 mai 2010

Mon avis sur la question III

LE VIOL

Ce post fait suite à ma lecture d'Une fièvre impossible à négocier de Lola Lafon.

Mais qu'est-ce qui me prend de parler d'un sujet aussi délicat ? Et surtout qu'est-ce qui m'a pris d'en parler, la semaine dernière, à des gens que je ne connaissais pas ? Oui, j'ai voulu parler du fantasme du viol à des gens que je ne connaissais pas, sans penser une seconde qu'une personne qui avait été violée se trouvait peut-être parmi mon auditoire, que j'aurais pu blesser. Quelqu'un pour qui viol égale drame, et qui n'aurait pas pu comprendre que viol puisse aussi égaler fantasme. Hélas, c'est le même mot pour les deux. C'est toujours le même mot, viol donc, qu'elle que soit sa nature, qu'il soit physique, moral, fantasmé, etc. Hélas, ou plutôt ouf, ce soir là je n'ai heurté la sensibilité de personne. J'ai juste donné une bonne occasion à une fille désireuse de se faire plaindre, de se faire apprécier (beaucoup confondent) d'arriver à ses fins. Il lui a suffit de bien se renseigner sur ce dont je parlais, puis lorsque je lui ai confirmé que je parlais bien d'un viol sexuel (mais fantasmé, qui renvoie également à d'autres choses... !) de me demander d'arrêter de parler de ça. J'ai donc immédiatement cessé d'en parler, détourné la conversation sur la qualité du vin avant de l'entendre répéter : JE NE VEUX PAS QU'ON PARLE DE ÇA le visage déformé comme si elle allait pleurer (elle n'a pas pleuré). Plus que gênée, j'ai poursuivi la soirée comme si de rien n'était. Le temps que la nana se lève, suivie par 2 ou 3 garçons (bonne pêche !) qui lui proposaient mouchoir (qu'elle a refusé), épaule et réconfort. Un quart d'heure plus tard, la revoilà parmi nous, tout sourire, en train de nous parler de ses photos artisticoSM et de sa dernière aventure avec un black beaucoup trop amoureux d'elle, qu'elle avait éconduit parce qu'il parlait déjà mariage. BREF. 27 ans la fille. Et elle croit encore que le viol rend sexy. Je devrais lui offrir le bouquin de Lola Lafon. Il y a un truc commun à toutes les victimes du viol : elles ne parlent pas. Même que ça fait partie du viol. Et quand après des années de travail sur soi-même on parvient à porter plainte, c'est la Justice qui te musèle pour de bon avec pour motif l'absence de preuves car le viol c'est presque toujours le crime parfait. Pour la Justice c'est un non-lieu, c'est-à-dire qu'elle reconnaît seulement que c'est peut-être arrivé mais qu'il n'y a pas lieu de poursuivre, de punir le coupable. La Loi t'interdit alors de dire tout haut, par exemple, que c'est Frédéric-Alexandre Larinier qui t'a violée, qui t'a abusée moralement, sexuellement pendant des mois ! Bien que ç'ait été un sacré piège à loup dont tu mettras des années à te remettre, que tu aies des preuves, des témoins et le besoin que quelqu'un l'entende et que le coupable soit puni. Non, la Justice ne le permettra pas, la victime devra continuer à se taire et lorsqu'elle entendra quelqu'un parler de viol, comme ce soir là, du fantasme du viol chez Freud, elle ne dira rien. Elle blêmira juste de l'intérieur, sans mouchoir, sans épaule et sans réconfort.

2 commentaires:

gulo gulo a dit…

elle a dû vivre son fantasme à elle ...

Liria a dit…

rebondissement : le mec qui l'a sautée ce soir là est venu me dire qu'elle lui avait demandé de la prendre "comme s'il voulait la violer" parce qu'elle "aimait ça". Pas de commentaires.