mercredi 31 octobre 2012

fooding

LA STORIA IMPORTANTE

Adresse : 1 rue des Teissiers à Montpellier.


Réservation au : 04 67 60 48 34


Restaurant italien.



Ceci n'est pas une chronique, c'est une histoire que l'on raconte aux enfants, autour d'un feu de camp, pour leur faire peur. Parfait : aujourd'hui c'est Halloween. 

Imaginez la scène : il pleut sans discontinuer. Un couple volète de devanture de restaurant en devanture de restaurant sans jamais réussir à rentrer : ils n'ont pas réservé. Trempés et dépités, ils se retrouvent devant un restaurant italien familial. Hummm, la cuisine italienne... les voilà consolés, uniquement par la magie de la pensée. Ils rentrent, sans se méfier. Reconnaissants d'avoir enfin droit à une table pour deux, ils se rendent à peine compte qu'il n'y a, dans ce restaurant, aucune des odeurs caractéristiques d'une cuisine où l'on prépare des pizzas et des mets transalpins. Voilà qui est curieux. La faim les pousse à rester : Commandons ! Une pizza et un menu. A ce moment précis de la "storia", il faut que je vous raconte que leur table était située pile en face de la cuisine. De là, elle voyait parfaitement ce qu'il s'y passait. Un monsieur (le père) s'activait tandis qu'une femme (la mère) finissait les plats avant qu'ils ne partent en salle : assaisonnement et décoration. Le bras accoudé au comptoir, une serveuse (la fille) attendait les plats tandis qu'en salle, un garçon (le fils) prenait les commandes. Tous deux habillés sportwear. Aux murs, des articles jaunis par la graisse vantaient les mérites du restaurant dans une autre vie. Toute envie de rester s'était envolée, mais trop tard : la commande était déjà partie en cuisine. Une cuisine inodore d'où sortaient aussi des pizzas à emporter, pour les moins téméraires. Pas le temps de dire ouf que l'entrée est déjà là : des antipasti gorgés d'huile, à tel point qu'elle avait envie de les essorer à la bouche. Soudain, en cuisine, le bac à salade tombe du plan de travail. Le père ramasse les feuilles, les jette à la poubelle et se remet à garnir les pizzas sans se laver les mains. De quoi perdre l’appétit. Elle se rend alors compte que le bocal de pesto que le pizzaïolo tient dans sa main est à moitié oxydé : Chéri, est-ce qu'il y a du pesto dans ta pizza ? - Oui, non, je ne sais plus. Peine perdue : la pizza et le plat sont déjà prêts, comme par magie. Effarée, elle veut quitter le restaurant mais lui s'y refuse. Il ne se rend pas compte de la situation car il est placé dos à la cuisine. Comment le convaincre alors ? C'est le moment où la serveuse ramasse les assiettes : Vous avez à peine touché à votre assiette ? - Et oui, je me réserve pour le dessert. Pourquoi n'a-t-elle rien dit ? En plus de se rendre compte qu'elle ne peut plus refuser le dessert car il est compris dans le menu, elle comprend qu'elle va devoir choisir. Elle opte pour un moelleux au chocolat. Malheur ! Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle allait voir, un véritable film d'horreur culinaire : le cuistot prend un moelleux dans le congélateur, ouvre le sachet et le place au four. Lorsqu'il le démoule, elle s'aperçoit que le moelleux fume : il a dû brûler. Il passe l'assiette à sa femme qui sort du frigo une brique de crème anglaise déjà entamée. Elle verse généreusement. Puis saisit un pot de sauce industrielle au chocolat pour "maquiller" l'assiette. Lorsque la serveuse lui présente son dessert, la cliente est plus morte que vive. C'est son ami qui termine l'assiette : Tu as raison mon amour, ça ne vaut pas un moelleux de chez Picard. Elle le supplie : Enfuyons-nous vite, il en va de ma foi dans la restauration ! - Attends, je vais régler l’addition et on y va. Et oui, les enfants, dîner à La Storia Importante c'est comme acheter un ticket pour le train fantôme. Tu payes surtout pour avoir des frissons et faire des cauchemars.


A vos risques et périls.