mercredi 13 avril 2011

kinéma

INTO THE WILD [2007]


De : Sean Penn [États-Unis]

Durée : 2H27

Lorsque Into the wild est sorti en France, début 2008, c'était LE film du siècle. File voir ITW parce que je me suis pris une grosse claque, qu'ils me disaient tous. C'était sans compter sur le fait que moi vivante, jamais je n'irai voir un film déjà aimé de tous. Mais passés 3 ans et autant de films du siècle plus tard, j'ai enfin pu découvrir ITW en toute tranquillité, sous-entendu sans la crainte de découvrir qu'en fait j'étais comme tout le monde. C'est donc avec une fierté non dissimulée que l’hôtesse de ce blog vous annonce qu'elle n'a pas aimé ITW !

Profil type de celui qui a aimé ITW : Tu as entre 25 et 35 ans environ et bien que tu saches être plus âgé que Supertramp, le héros du film, tu n'as pas pu t'empêcher de t'identifier à lui. Tu n'as jamais voyagé seul, ni dans un autre continent, ni même dans un site naturel désert, mais t'aimerais bien, ça fait 10 ans que t'aimerais bien, c'est bien ça le problème d'ailleurs. Dans ton sac rando Lafuma imaginaire, ni gobelet en laiton ni silex, non, mais plein de souhaits de la vie tous déçus, et tout autant de projets à venir qui te paraissent aussi fastidieux que ce jogging matinal toujours repoussé. Il te reste encore quelques années avant de piger qu'il est trop tard pour te réaliser, mais tant qu'il y aura des claques du siècle tu tiendras bon. Qu'il est beau ce Supertramp de Dedans le sauvage, comme il a tout compris, ni dieu ni maître, ni meuf ni PEL, non, juste toi et la nature sauvage, la vie mec, la vraie vie. Même que c'est ça qui l'a tué mais osef vu qu'il assure mieux que Jésus niveau martyr j'trouve, ah ouais, file voir ITW parce que je me suis pris une grosse claque.

Pourquoi est-ce que je n'ai pas aimé ITW : Primo, parce que je n'aime pas les grosses claques. Et deuxio : Mais réveillez-vous bon sang, est-ce que vous avez bien saisi le fait que si Christopher décide de tout bazarder, sa ville, ses études et sa famille c'est parce qu'il souffre et que toute sa pérégrination n'est qu'une longue descente vers la mort, aussi jouissive fût-elle ? Par la suite il ira même jusqu'à quitter les gens sincères qu'il avait rencontré, les vies aimables qu'il avait réussi à dénicher, jusqu'à perdre tout le bénéfice qu'il aurait pu retirer d'une telle aventure, bien plus que sa vie, c'est la vie même qu'il décide de quitter. Alors oui, Christo sait qu'il va mourir, plante toxique ou pas. Il mourra seul comme un chien tout en sachant qu'il avait eu tort, qu'il aurait pu et dû rebrousser chemin bien plus tôt. C'est bien simple, la seule chose que j'ai retenue du film c'est que c'était l'histoire d'une vie gâchée.

Alors va-t-en dans le matin clairet
Seul
[...]
Mon fils, il faut lever le camp [...]
Il est tôt Lève-toi Prends du vin pour la route
Dégaine-toi du rêve anxieux des bien assis
Roule Roule mon fils vers l'étoile idéale
Tu te rencontreras Tu te reconnaîtras
Ton dessin devant toi, tu rentreras dedans*
[Into the wild].

*Léo Ferré, Il n'y a plus rien, 1973.

vendredi 8 avril 2011

kinéma

L'ÉTRANGE AFFAIRE ANGÉLICA [2010]

De : Manoel de Oliveira [Portugal]

Durée : 1H35

C'est bien connu : les films de Manoel sont plus appréciés des français que des portugais. Paradoxal ? Oui si on s'attarde sur le fait que Manoel de Oliveira est le réalisateur de cinéma portugais le plus connu dans le monde ; Non si on regarde ses films d'un peu plus près. Le fait est que je suis allé voir ce film uniquement parce qu'il s'agissait d'un film de De Oliveira, et parce que le journal Lusojornal m'a offert une place pour aller le voir. Ah ! Il y a aussi une troisième raison, celle dont je suis le moins fière : parce que Manoel de Oliveira a 102 ans ! Vous imaginez ? Le regard qu'un réalisateur plus que centenaire peut porter sur le monde ? J'ai voulu voir ça et je n'ai pas été déçue ! Je ne peux pas être déçue par l’œuvre d'un homme qui nous parle encore d'amour à 102 ans ! Voilà que cet homme imagine un personnage principal qui tombe amoureux d'une morte ! Qui "tombe" vraiment amoureux donc ! Cet homme a naturellement peur de la frontière qui le sépare de sa belle, celle qui sépare la vie de l'au-delà, le ciel de la terre. C'est donc avec un certain bonheur et un effroi certain qu'il la rejoindra à la fin du film. Ils ne se marièrent pas et n'eurent jamais d'enfants, mais ils s'aimèrent jusqu'à la fin des temps. Magique.
Et s'il s'agissait du dernier Manoel de Oliveira ?

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LEONERA [2008]


De : Pablo Trapero [Argentine]

Durée : 1H48

A croire que les écoles de cinéma sud-américaines prodiguent les deux mêmes consignes à tous les futurs réalisateurs :

1. Ton film doit dénoncer quelque chose.
2. La seule manière de faire passer ton message est de choquer ton spectateur.

Est-ce que ça vaut aussi pour Leonera ?

1. Ce film dénonce les conditions de détention des mères argentines. Elles ont le droit d'élever leurs enfants en prison, jusqu'à quatre ans.
2. Les prisonnières vivent dans la promiscuité la plus totale : douches communes, amours lesbiennes, et si tu n'arrives pas à allaiter la détenue d'à côté peut s'en charger. Bonus : Leonera est en prison suite à un meurtre qu'elle n'a pas commis. Il s'agissait d'un des compagnons qu'elle fréquentait - relation à trois.

Même si là encore ma théorie se vérifie, Leonera se distingue du lot. En effet, on comprend rapidement que Leonera n'est pas la représentante de tout un groupe et qu'elle est moins la victime du manque d'efficacité de la justice argentine que du manque d'amour de sa propre mère.

Mother semper.