mercredi 28 octobre 2009

literatura

NO TEMPO FRÁGIL DAS HORAS [2003]

Traduction littérale : DANS LE TEMPS FRAGILE DES HEURES

De : Luzilá Gonçalves Ferreira [Brésil]

Mon édition : Rocco, 2003.

Roman de 170 pages.

Une fois n'est pas coutume. Aussi je vous présente mon coup de coeur de cet automne : un roman historique brésilien. Ou plutôt : une biographie romancée de la baronne de Vera Cruz. Indisponible en français à ce jour et à mon grand dam. Un livre à lire les jours de pluie car les phrases délicieuses de Luzilá sont de celles qui transforment l'humidité en moiteur, le portugais aidant.
No tempo frágil das horas nous dévoile la vie d'Antonia Carneiro da Cunha ainsi que celle de ses consœurs à l'époque des grandes propriétés coloniales, durant laquelle une poignée de blancs régnait sur des centaines d'esclaves afin de produire le sucre ensuite importé en Europe. Les conditions de travail et de vie y étaient si rudes qu'on avait alors bien du mal à en apprécier tout le lyrisme tropical ambiant. Antonia et les siens, deviendront les premiers nobles d'un Brésil tout juste indépendant ; les femmes surtout passeront toute leur vie à rêver d'amours passionnées et parisiennes, en fines connaisseuses de musique classique et de littérature qu'elles sont ; Paris est alors la capitale du Monde, à un mois de Recife, modèle de cette jeune aristocratie qui se veut intellectuelle et moderne. Tout l'argent issu de l'exportation sera investi dans ce sens. Et lorsque l'industrialisation du Vieux Continent y mettra fin, Antonia tiendra le gouvernail de ses propriétés jusqu'à leur entier naufrage, droite et digne comme une vraie baronne se doit de l'être. Sa vie se termine comme elle a commencé : les désirs ayant fait place à des regrets. Antonia meurt sans héritier, sans legs et sans n'avoir jamais joui. C'est une ère qui s'éteint dans la décadence la plus totale, sans faste et sans un bruit. Le Nordeste brésilien ne s'en remettra jamais. A méditer.
Fogo Morto de José Lins do Rego, au féminin.

lundi 19 octobre 2009

literatura

L'ÉVANGILE SELON
ISADORA WELLES
[2007]


Titre original : THE GOSPEL ACCORDING TO SYDNEY WELLES

De : Susi Rajah [Australie/États-Unis]

Mon édition : Calmann-Lévy, 2008.

Roman de 359 pages.

Certains d'entre vous n'ayant pas compris où je voulais en venir en écrivant qu'un roman anticlérical est toujours une bonne idée de roman à défaut d'être un bon livre, je décidai de faire d'une pierre deux coups en vous parlant ce soir de L'évangile selon Isadora Welles, un roman anticlérical appartenant également à la chick lit. Les éditions Calmann-Lévy le présentent plutôt comme une "comédie gentiment blasphématoire", ce qui se comprend : faudrait pas choquer les poulettes bienpensantes susceptibles d'acheter ce navet pour la modique somme de 19 euros T.T.C.

L'idée de départ : l'Eglise catholique de Californie recourt aux services d'une agence de pub.
L'idée de départ qui part en couille : Isadora Welles, une jeune cadre dynamique doit effectuer une étude de marché afin de vendre le Dieu catho aux habitants de Los Angeles.
L'idée de départ gâchée : la campagne de pub empiète sur la vie privée d'Isadora, la conduisant tout droit dans les affres de la réflexion théologique de comptoir et de bas étage.
Un roman tout pourri : Isadora entreprend une relation épistolaire, via mail, avec Dieu donc unilatérale (Marc Lévy y aurait répondu lui !) qui lui tiendra lieu de psychothérapie.

Calmann-Lévy a dû croire que le côté Hank Moody de Isadora Welles ferait de Susi Rajah leur nouvelle poule aux oeufs d'or. Raté. Pour tout un tas de raisons en fait : la traduction du roman, réalisée par une certaine Elsa Maggion, est à chier ; le titre français du roman est beaucoup trop racoleur et surtout totalement injustifié. Isadora Welles sera l'héroïne chick lit de trop :

- Je me plains que je suis vieille, moche, grosse et laide mais je me fais draguer tous les jours,

- Je suis malheureuse comme les pierres en amour, mais j'ai plein d'amis, un boulot stable et ma maison à moi,

- Je suis malheureuse comme les pierres en amour, mais je finis avec le plus beau et le plus parfait des mecs de Los Angeles à la fin du livre,

- Je suis une gourde qui noie son chagrin dans l'alcool, mais tout mon entourage trouve ça cool + je suis sexy quand je suis bourrée + je suis sexy même avec la gueule de bois,

- Je me marierai et j'aurai beaucoup d'enfants donc j'arrête d'envoyer des mails à Dieu. Qui est un concept invendable de toute façon - idée énoncée au début du bouquin.
Gerbant.

mardi 13 octobre 2009

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Vous pouvez également retrouver mes humbles chroniques musicales sur le blog Satan owes us money. Un espace tout de rose vêtu d'une qualité bien supérieure à celui-ci et où vous serez accueilli par deux hôtes très sexys et étrangement avenants : Maître Gulo et Le Moignon.

music


HEAVENLY : VIRUS

[France, 2006]

Mouhahahahahahahahahahahaha.

Quand j'étais petit j'étais un jedi. Tellement nerveux que lorsqu'il pleuvait souvent je m'électrocutais. Hélas, je ne parvins jamais à la cheville de Maître Stratovarius et Maître Helloween. Depuis, je parcours sans relâche les Terres de Gaule, en quête du Saint-Album d'Angra qui, selon la légende, reposerait sur la plage arrière d'une Golf GTI. Seule une rhapsodie de feu pourrait éveiller la Force...

samedi 10 octobre 2009

literatura

LA FAUTE DE L'ABBÉ MOURET [1875]

De : Émile Zola [France]

Mon édition :
France Loisirs, 2002.

Roman de 498 pages.

Décidément, l'heure est aux règlements des dettes que longtemps j'ai accumulé. La preuve en est avec cette lecture surannée, un Zola, une résurrection de mes lectures collégiales au moment même où j'en ai terminé avec mes études universitaires. Une semaine en Lozère, chez mes parents, était l'occasion rêvée pour enfin lire La faute de l'abbé Mouret, roman qui m'avait été prêté il y a un moment de ça par une amie d'enfance - le genre d'amie qui vous offre une petite chaîne en argent avec un pendentif qui porte l'inscription Ton amie pour la vie et qui refuse aujourd'hui de m'ajouter sur Facebook bien qu'il n'y ait pas eu entre nous de faute commise, juste une amitié qui s'est érodée au fil du temps, toi même tu sais.
Je ferai fi de tout préjugé concernant Zola et ce roman-ci en particulier. Les Rougon-Macquart c'est une chose, ce cinquième volume en est une autre. Zola s'est saigné pour écrire ce triptyque, à n'en pas douter. C'est d'autant plus visible lorsqu'on s'intéresse aux idées de fond du roman plutôt qu'à sa prose toute naturaliste. Pour moi, un roman anticlérical est toujours une bonne idée de roman à défaut d'être un bon livre. Zola y parvient avec une idée somme toute banale : un prêtre va fauter avec une sauvageonne. Seulement ici les oiseaux ne se cachent pas pour mourir, entends-moi bien, le jeune prêtre est loin de ressembler aux hidalgos en soutane des romans Harlequin et la sauvageonne n'est pas là pour faire chuter le curé de son autel afin d'aller ensuite tout raconter aux copines, de comment elle a viré sa cuti à un homme d'église. C'est long 500 pages ! Patiemment Zola tend sa toile. Lentement les deux amants recréent la Genèse dans un Paradou mythique. Et puis c'est le drame, la fin tombe comme un couperet grandiose. Tout comme dans la musique que j'aime finalement, lente lourde et puissante, pour mieux se faire délivrance et puis qui t'abandonne brusquement, un peu conne et toute pantelante.
Reprenons les choses depuis le début. L'Eden Adam et Eve, le serpent, la pomme, l'arbre de la connaissance, tout ça. T'avais quand même pigé que c'était des métaphores ? Que les auteurs de l'Ancien Testament ne pouvaient pas vraiment faire dans le porno ? Au cas où, Zola va t'apprendre la vie. Par où commencer ? "C'était, au fond de cette ceinture désolée de collines, un peuple à part, une race née du sol, une humanité de trois cents têtes qui recommençait les temps." Et moi qui lisait ça, au fond de ma vallée lozérienne, une édition empruntée à une amie-fille de paysans, c'était trop beau. Mais bien sûr ! Les descendants d'Adam et Eve sont les fruits d'amours incestueuses. Selon la Bible nous sommes bel et bien le produit d'une dégénérescence. Et après ça, tu regardes le journal télévisé et tu comprends pas. Où est-ce que je t'embarque là ? Zola il a bien pigé que tout ça était ridicule, mais comme tout n'est pas aussi simple, son histoire l'est également. Mais revenons à l'essentiel, à ce rapport sexuel qui se fait attendre. "Au fond des bois, les rossignols jetaient des rires perlés de volupté, les cerfs bramaient, ivres d'une telle concupiscence, qu'ils expiraient de lassitude à côté des femelles presque éventrées". J'ai poursuivi ma lecture la main dans ma culotte. La faute de l'abbé Mouret est un livre qui n'en finit pas d'être lyrique : amours prohibées, mortifications religieuses, nature luxuriante lascive vivante à la Stalker. Reste plus qu'à sucer la substantifique moelle de l'os qu'on te porte bien profond dans la bouche. Tu caches bien ton jeu mon salopiaud ! Je comprends mieux pourquoi on lui préfère Germinal ou L'Assommoir dans les collèges.
Zola a forcé sur la résine et les aiguilles de pin. Juste avant d'y aller franco sur l'écorce de chêne moulue.
P(ons).S(ylvette) : N'attends pas qu'on se retrouve pour de bon au cimetière de Mende pour me donner de tes nouvelles par vers de terre interposés. Viens récupérer ton livre, on parlera.