mardi 30 décembre 2014

literatura

ANAWIN [2007]


De : Inês Cavalcanti [Brésil]


Mon édition : Ibis Libris,
Rio de Janeiro, 2007.


Poèmes en portugais et en français. 113 pages.


On oublie de lire de la poésie. A ce que nos yeux ne s'emballent pas, à ce que notre pensée s'ouvre vers le haut plutôt que tout droit. Aussi la lecture de ce petit recueil a-t-elle été plus longue que prévue... Je ne vous cacherai pas que tous les poèmes ne m'ont pas intéressée : la plupart m'ont paru tristes, aussi triste qu'une femme délaissée s'occupant de sa vieille mère. Je me demande si je ne suis pas passée à côté, mais est-ce bien grave ?

Coroar-te, meu rei e meu amigo,
com a bênção dos rios e da mata.
Receber-te nos braços qual mendigo
que anda nas minas do meu corpo à cata
de um prazer mais raro do que a prata,
do que o ouro que o ignaro vulgo adora.
Mansa e despudorada como a gata
que acaricias, pela vida afora
ser a tua rainha e servidora,
e após as guerras que travas, terríveis,
ser a mulher enfim consoladora
no limiar dos mundos invisíveis.

[...]
Page 97.

Ma traduction :

Te couronner, mon roi et mon ami,
avec la bénédiction des rivières et de la forêt.
Te recevoir dans les bras comme le mendiant
qui est dans les mines de mon corps à la recherche
d'un plaisir plus rare que l'argent,
que l'or que l'ignare vulgaire adore.
Apprivoisée et sans pudeur comme la chatte
que tu caresses, toute au long de la vie
être ta reine et domestique,
et après les guerres que tu mènes, terribles,
être la femme enfin consolatrice
à l'orée des mondes invisibles.

vendredi 14 novembre 2014

literatura

L'HOMME QUI VOULAIT ÊTRE HEUREUX [2008]

De : Laurent Gounelle [France]

Mon édition : Pocket n°13841, 2012.

Roman de 168 pages.

Méfiez-vous des personnes qui vous ont dit qu'elles ont pensé à vous en lisant ce livre. C'est-à-dire des personnes bienveillantes qui pensent à vous, et surtout pas à elles, quand elles lisent un roman de développement personnel qui s'intitule L'homme qui voulait être heureux. Sa lecture m'a été conseillée par deux personnes : une collègue de travail (vous savez ce que vaut l'avis d'une collègue de travail bien-intentionnée) et ma maîtresse de sophrologie (j'ai arrêté la sophro il y a plus d'un an, pas à cause de ce roman mais juste à cause de la sophro). Je ne peux dire que j'ai apprécié ce genre d'ouvrage que s'il a provoqué un changement dans ma façon de penser. Est-ce le cas ? Disons qu'il peut faire réfléchir celui qui n'a jamais réfléchi (à sa vie, à lui-même) ce qui n'est, hélas, pas mon cas. Celui de très peu de gens en fait.

Qu'ai-je donc retenu de ma lecture ? Je me souviens des personnages bien sûr : du maître Samtyang et du couple de touristes Claudia et Hans. Des quelques données issues de la recherche médicale ou plutôt non-médicale : 33% des malades atteint du cancer ont perdu leurs cheveux après avoir mangé un morceau de sucre qu'on leur avait présenté comme de la chimio, à la page 75 ; les croyants-pratiquants vivent 29% plus longtemps que les autres à la page 87. Et le sentiment de supériorité qui accompagne Julian à son retour de Bali, comme s'il pouvait à présent décoder tous ceux qui l'entourent et enfin réussir à déjouer les pièges des relations sociales : Je m'étais mis à écouter les gens pour m'amuser à deviner leurs croyances, mais plus je les découvrais, plus j'étais triste de constater que les êtres humains ne sont pas libres. Cette absence de liberté n'avait pas pour origine un terrible dictateur, mais seulement ce que chacun croyait sur lui, les autres et le monde. Page 154.

Lisez-le pour passer le temps. Pour être heureux, si vous estimez ne pas l'être, consultez un psychothérapeute avec qui vous entendrez. C'est encore le meilleur moyen. Peut-être le seul.

vendredi 31 octobre 2014

literatura

LES ÉTRANGERS [1930]

De : Sándor Márai [Hongrie]

Mon édition : Albin Michel, 2012 [prix : 22€].

Roman de 446 pages.

La couverture ne vous fait-elle pas vaguement penser à une histoire d'amour qui se passerait pendant la seconde guerre mondiale ? Je ne connaissais même pas cet auteur. Le titre ne me donnait pas envie non plus. C'est bien simple, si la mère de mon compagnon ne me l'avait pas offert, je ne l'aurais jamais lu. Je serais alors passée à côté d'un bon roman. Dont le sujet n'est pas une idylle naissante tentant d'échapper à la Gestapo mais l'aventure d'un jeune hongrois, débarquant dans la capitale française en 1925, telle une mouche fascinée par la lumière. Autant vous dire que l'écrivassier magyar a vite déchanté. Et que son histoire ressemble à s'y méprendre à celle d'un sans-papier noir essayant de survivre à Paris : les règles sont toujours les mêmes. Premièrement, pour vivre dans la capitale française il faut de l'argent donc il faut travailler. Deuxièmement, les parisiens adorent les étrangers mais ils ne leur feront jamais totalement oublier qu'ils ne sont pas français. Troisièmement, à Paris on peut être soi-même, se perdre ou se trouver, tant que l'on respecte les deux premiers points cités. Mais la France ce n'est pas uniquement Paris, me direz-vous. C'est aussi ce que pense la bretonne qui s'éprend de lui et l'emporte dans son Finistère natal. Comment cela va-t-il se terminer ? Hélas, comme cela se finit trop souvent entre une autochtone et un étranger... 
Je ne connais plus Paris que sous terre. On se lève le matin, on se déplace dans des souterrains, on lit les noms historiques, Louvre, Tuileries, Concorde, Opéra, on surgit quelque part à l'air libre, on mange près de chez soi, on passe une ou deux heures à une terrasse de bistro et puis on rentre et on se couche. Je vis à Paris mais il est rare que je m'en rende compte. Page 249.

mercredi 17 septembre 2014

kids

101 BONNES RAISONS DE SE RÉJOUIR D’ÊTRE UNE FILLE 
[2011]

Texte : Beatrice Masini [Italie]
Dessin : Guillaume Long [Suisse]

Mon édition : La joie de lire, Genève, 2011.
[prix : 10€]

Livre pour enfants de 58 pages.

Dans une société qui tournerait rond, une fille devrait autant se réjouir d'être une fille qu'un garçon se réjouit d'être un garçon. Hélas...

Hélas, les Femmes et les Hommes naissent et demeurent égaux et libres en droits, comme les Noirs et les Blancs ou les Très Riches et les Très Pauvres naissent et demeurent égaux et libres en droits, vous m'avez comprise.

Hélas, lorsque tu es enceinte, il y a toujours quelques personnes qui te diront j'espère pour toi que c'est un garçon (clin d’œil). Amusez-vous à leur demander Pensez-vous qu'il naisse actuellement en France plus de filles ou plus de garçons ? Plus de filles bien sûr ! Tout se passe comme si les filles (donc la féminité) étaient une menace pour la gent masculine, une sorte de péril rose. Or, en France, les filles (femmes âgées de moins de 20 ans) sont actuellement moins nombreuses que les garçons (377 000 personnes de moins). Et l'an dernier il est né plus 5% de garçons, cela fait même 15 ans que ça dure !

Hélas, les raisons de réjouir sont certes nombreuses, mais seulement parce qu'un garçon est immédiatement taxé d'homosexuel s'il s'amuse à avoir un comportement de fille. Elle, est naturellement considérée comme un être faible et surtout inférieur.

Hélas, il vous faudra peut-être consoler votre fille d'être une fille (pas facile d'accepter les épilations ou les menstruations). Ce genre de livre aidera à coup sûr. Non seulement il cite les arguments évidents (une fille peut porter des jupes, être enceinte, etc.) mais il insiste sur le fait qu'être une fille c'est surtout avoir le choix : elle peut porter des robes ou pas (pas un garçon), porter la vie ou pas (pas un garçon), etc.

Hélas, la bande-dessinée 101 bonnes raisons de se réjouir d'être un garçon n'est toujours pas sortie. Comme si celle-ci n'avait pas lieu d'être...
Mais, ouf, il existe bel et bien une très bonne raison de se réjouir d'être une fille : la 101ème bien sûr !

mardi 9 septembre 2014

literatura

L'INVERSION DE HIERONYMUS BOSCH [2005]

De : Camille De Toledo [France]

Mon édition : Phase Deux, 2005 
[prix : 16,50€]

Roman de 272 pages.

J'ai tellement apprécié la première partie de ce livre que j'en ai parlé autour de moi : J. m'a dit que ça lui faisait penser à du Palahniuk, ce en quoi il n'avait pas tort, mais qu'il ne pourrait plus s'enthousiasmer pour ce genre de bouquin. M. m'a dit que c'était de la merde, mon truc. Je n'ai pas très bien compris pourquoi, mais je vous le dis quand même. Vous savez, il y a autant d'avis sur un livre que d'êtres humains sur Terre. Passons.

Hieronymus Bosch c'est le pseudo de Jérôme Bosch, le peintre hollandais qui a peint ceci :


L'inversion de Hieronymus Bosch c'est l'histoire d'une utopie : où l'homme serait enfin soustrait de ses désirs. Où les adultes reviendraient des enfants, à son état naturel. Il n'en fallait pas plus pour que l'investigateur de cette inversion soit accusé de terrorisme. Comme toute utopie, la belle affaire tourne au vinaigre et se transforme en révolte ! En révolution ? Seul l'avenir nous le dira. Vous aimeriez savoir ce qui peut bien avoir enfin embrasé l'Occident ? Simplement des bonbons, des bonbons qui vous donnent plus de plaisir que le sexe. De quoi nous transformer purement et simplement en animaux. Qui a dit que l'enfant est l'état premier de l'Homme ? Et que le Paradis était plus enviable que l'Enfer ?
[...] il y a une mort au bout de ce ponton, une mort définitive qui est une extinction. Regardez-les comme ils se goinfrent. Ils sont repus, comblés. Ils sont heureux. La première chose qu'ils font : ils boivent, rotent, parlent fort, ils se bousculent. Foutre et manger, voilà l'homme [...] ! Autour on échafaude. On construit des colonnes, des dômes pour s'arracher à ce porcinet qui sommeille juste derrière la peau. Mais le désir, ça ne s'éduque pas, ça ne grandit pas, ça ne s'élève pas. Ce n'est pas même sophistiqué, le désir ! C'est une mécanique qui se satisfait des clichés dont on nous bourre le crâne. [...] Ils nous célèbrent parce que nous les sauvons de leur ennui, mais n'oubliez jamais, au fond, nous sommes des assassins. Page 35.

vendredi 8 août 2014

literatura

LE PIGEON [1987]

De : Patrick Süskind [Allemagne]

Mon édition : Le Livre de Poche n°6428.

Nouvelle de 89 pages.

Aujourd'hui, ou n'importe quel vendredi de ce mois, je te propose de lire ce délicieux récit de Süskind, l'auteur du célèbre Parfum, histoire d'un meurtrier. Pourquoi un vendredi ? Parce que l'action du Pigeon se déroule il y a 30 ans exactement, un vendredi du mois d'août 1984 ! Bon anniversaire la palombe ! Est-ce que ça parle d'un piaf ? Oui, d'un pigeon et d'un homme mûr. Assez pour qu'un volatile de malheur ne parvienne à lui gâcher son existence toute entière. C'est qu'il est pas si banal ce Jonathan Noël (sans doute un parent de Bernie). Voilà ce qui arrive lorsqu'on préfère ne plus rien faire plutôt que de se tromper et de souffrir. Car même si tu cherches le plus possible à t'épargner, ton mental se rebiffe. Et peut se transformer en quelque chose de monstrueux. Bref, Le Pigeon c'est l'histoire d'un maillon de la chaîne qui se brise, d'un boulon qui saute, d'un coup de bambou.
Coup de ♥

mardi 1 juillet 2014

literatura

LE ROMAN DU MARIAGE 
[2011]

De : Jeffrey Eugenides [États-Unis]

Mon édition : Éditions de l'Olivier, 2013 [prix : 24€].

Roman de 553 pages.

Mon livre de chevet. Lis-le : comme si tu venais d'avoir 30 ans et que tu avais étudié dans une Université des Lettres jusqu'à l'obtention de ton Master. Que tu aurais mis plus des cinq années prévisionnelles à décrocher. Est-ce que c'est un roman sur le mariage ? Pas vraiment, bien qu'il y ait bien un mariage à la fin. Plutôt un roman sur trois jeunes gens qui seront bientôt des adultes et qui essayent d'organiser leur vie. Comme tout un chacun ils veulent aimer, être aimés et réussir leur vie. Et les flèches sur la couverture ? Je ne comprends pas très bien pourquoi une flèche relie les deux garçons mais le récit s'articule autour de ce triangle amoureux : deux hommes s'intéressant à la même fille. Vous savez comment ça fonctionne : celui qu'elle préfère ne l'estime pas à sa juste valeur et celui qu'elle délaisse est moins obsédé par elle que par le fait qu'elle lui résiste. Mais alors, avec qui finira-t-elle ?

On a l'impression de revenir au début des années 2000 alors que ça se passe au début des années 80. Est-ce que c'est parce qu'on a 20 ans de retard sur les États-Unis ou bien tous les étudiants sont-ils condamnés à vivre la même chose ? Sûrement les deux. Et bien ? Que sommes-nous devenus, nous : les anciens étudiants en Lettres ? Sûrement pas ce que nous souhaitions devenir. Et côté cœur : est-ce que nous sommes toujours avec la personne, la première, qui a allumé une torche dans notre cœur jusque-là caverneux ? Non. Et à part tel ou untel qui a réussi à décrocher son CAPES ou son Agreg (on en connaît tous un ou deux, qu'on ne revoit généralement plus) qui est-ce qui travaille dans le milieu des Lettres ? Personne. En clair nous avons échoué. Pas si sûr puisque c'est exactement à cela que nous devons nous consacrer à cet âge-là : se tromper et échouer. Mission accomplie.
La partie expression était facile, les maths demandaient qu'elle révise un peu ses cours de lycée, mais les problèmes logiques étaient un véritable défi à son entendement. "Au bal de fin d'année, plusieurs jeunes gens ont dansé leur danse préférée, chacun avec son partenaire préféré. Alan a dansé le tango, tandis que Becky s'est contentée d'observer la valse. James et Charlotte ont livré ensemble une prestation formidable. Keith était magnifique lorsqu'il a dansé son fox-trot et Simon a excellé à la rumba. Jessica a dansé avec Alan. Laura, en revanche, n'a pas dansé avec Simon. Déterminez qui a dansé avec qui et quelle danse chacun affectionne." La logique n'était pas un domaine qui avait été expressément enseigné à Madeleine, et elle trouvait injuste d'être interrogée dessus. Elle suivit les recommandations du manuel et posa le problème sous forme de schéma, dessinant une piste de danse sur une feuille de brouillon et reliant deux par deux Alan, Becky, James, Charlotte, Keith, Simon, Jessica et Laura selon les indications données. Mais cet exercice ne lui était pas naturel. Elle voulait savoir en quoi la prestation de James et de Charlotte avait été formidable, si Jessica et Alan sortaient ensemble, pourquoi Laura n'avait pas voulu danser avec Simon, et ce qui avait contrarié Becky pour qu'elle ne danse pas la valse. Pages 63-64.
 

mercredi 11 juin 2014

society

POURQUOI LES FEMMES SE FONT TOUJOURS AVOIR ? [2013]

Sous-titre : MODE D'EMPLOI 
POUR QUE CELA CHANGE ENFIN.

De : Yves Deloison [France]

Mon édition : First, première édition.

Essai de 250 pages.

Que les hommes qui m'entourent, à commencer par le mien, se rassurent : je ne suis pas devenue féministe du jour au lendemain après avoir lu ce bouquin. Non, non. Je le deviens, jour après jour, en constatant le poids des charges qui nous incombent aujourd'hui dans la société. Je doute que tu puisses me comprendre si tu ne te considères pas encore comme un(e) adulte. Pardonnez-moi ma mère car j'ai pêché. J'ai cru, jusque là, que l'homme était plus admirable que la femme. Alors que je m'aperçois, depuis, au quotidien, que les hommes sont dignes d'être admirés parce que des femmes agissent dans l'ombre. Et je me sens, à chaque jour qui passe, un peu plus submergée par ce que l'on nous demande de supporter en silence et sans reconnaissance. Ah oui ? Submergée, toi ? La fonctionnaire maquée à un homme doux ? Parfaitement. Parce que mon homme doux et moi-même sommes complémentaires mais pas égaux. Ce qui signifie que nous ne sommes pas interchangeables : nous avons chacun un rôle précis à tenir. Un rôle qui nous oblige parfois à surjouer l'homme pour lui et à surjouer la femme pour moi. Je pense que tout irait mieux si dans un couple nous étions capables d'inverser les rôles quand bon nous semble. Sauf dans le cul bien sûr. Le sexe c'est animal, pas raisonné. Et aussi parce que je constate que même dans le Public, les fonctions support sont assurées en grande majorité par des hommes. Et qu'ils sont plus rapidement titularisés que nous. Mais pas plus compétents pour autant. Pour en revenir au livre de Deloison : j'ai eu envie de militer après l'avoir terminé mais je ne l'ai pas fait. Je préfère "faire ma part", en commençant par de petites choses : renoncer définitivement au mademoiselle, faire attention aux mots que j'emploie pour désigner ce qui a un genre précis (une écrivaine, la maire, etc.) ou pas (les humains, les personnalités politiques, etc.) et regarder mes consœurs d'un œil différent : notamment les jeunes mamans qui bossent moins, plus ou pas. Disons que maintenant je me demande toujours si je la jugerai de façon négative s'il s'agissait d'un homme. Le plus souvent ce n'est pas le cas. 
Pourquoi elles se font toujours avoir ?
Parce qu'elles renoncent au profit des hommes.

mardi 20 mai 2014

fooding

CHEZ TOTO



Adresse : 20 rue du Palais des Guilhem à Montpellier.

Réservation : 04.67.92.53.37.


Poissons, coquillages et crustacés.

J'aimerai bien comprendre pourquoi est-ce que le propriétaire d'un restaurant proposant du poisson ouvre un autre restaurant proposant la même chose, dans la même petite rue. Peut-être que la carte de l'autre établissement (La Morue) est-elle plus axée sur les menus que sur les plateaux de fruits de mer. Mais le poisson provient du même fournisseur et les desserts de Chez Toto sortent des cuisines de La Morue ! C'est à n'y rien comprendre ! Est-ce que les proprios ont divorcé, mais s'entendent toujours, ou bien ont-ils droit à un abattement fiscal plus important de cette façon ? Quoi qu'il en soit, si vos papilles vous réclament des friandises iodées, c'est bien ici ou là qu'il faut aller. Mon choix s'est porté sur la première table en terrasse encore libre, tout simplement. Tout était frais, tout était bon, ai-je vraiment besoin d'en rajouter ? Comptez 20 sous par invité, verre de blanc y compris.

Tartare de morue.

Huîtres de Bouzigues & Tielle de Sète.

jeudi 8 mai 2014

literatura

CÉLESTE [2001]

De : Martine Le Coz [France]

Mon édition : Le Livre de Poche
n°15534, 2003 [prix : 6,50€]

Roman de 314 pages.

Roman historique et roman d'amour bourratif. Où une adolescente issue d'un milieu aisé ne trouve rien de mieux à faire que de tomber amoureuse d'un vieux médecin noir, en pleine épidémie de choléra. Pas n'importe quelle fille et pas n'importe quel noir bien sûr : la nièce de Paul Huet, peintre préromantique, ami de Delacroix, et le cousin de Dumas père. Leur amour naît entre deux insurrections, se révèle entre deux diarrhées et survit dans la capitale dont l'ambiance est plus que poisseuse. Autant vous dire que ces deux-là, c'est pour la vie. Rompus aux idéaux de liberté, d'égalité et de vérité ils semblent vivre quelque chose d'exceptionnel, touchant au divin, mais cependant non platonique. Faut pas pousser non plus. Paul, à qui elle a été promise, devient le spectateur masochiste de leurs sentiments. Les parents pensent leur fille perdue. La voisine bourgeoise, bigote et raciste, menace dans l'ombre. Parviendront-ils à se marier et à avoir beaucoup d'enfants ? 
L'amour, entre pestes et choléra.

lundi 5 mai 2014

fooding

AU COMPTOIR DE LA COMPAGNIE


Adresse : 51 avenue François Delmas à Montpellier

Réservation : 04.99.58.39.29.

Pas de site.

Restaurant italien. 

La Compagnie des Comptoirs fait peau neuve et devient, en août dernier, Au Comptoir de la Compagnie. Le petit dernier des frères Pourcel se veut le petit frère du mitoyen Jardin des Sens : une adresse où envoyer son chauffeur, sans trop culpabiliser, pendant que l'on dîne dans le meilleur restaurant de la ville ? Au Comptoir, point de sous-cuisine gastronomique, mais des petits plats respectueux de la tradition italienne. Sur la table recouverte de sets en papier, de quoi faire patienter : blocs de parmesan et de focaccia, huile d'olive locale (Domaine de l'Oulivie) et gressins. La carte alléchante est composée de classiques transalpins. Dommage, elle ne permet pas de se faire une idée des portions : aussi mon convive s'est-il retrouvé avec une entrée en plat principal qui l'a laissé sur sa faim. Je ne me souviens plus des desserts. Alors, séduite ? Par le lieu oui, sa cour et sa porte en bois qui siérait à merveille à un restaurant... indien ! Un peu moins par l'assiette qui manquait selon moi d'audace et de soleil...

Raviolis.
Risotto.

mercredi 23 avril 2014

fooding

LA GRILLADINE

Adresse : 17 rue Maufoux à Beaune.

Réservation : 03.80.22.22.36.


Restaurant.

Je ne conseillerai pas la Grilladine à l'ami qui me demanderait où faire bonne chère à Beaune, la capitale des vins de Bourgogne. Mais plutôt à celui qui me demanderait où manger pour pas trop cher à Beaune, située dans la Côte-d'Or. Les plats sont généreux mais pêchent au niveau de la qualité en ce qui concerne ceux qui sont dans les formules. Optez plutôt pour un plat à la carte, en évitant les œufs en meurette - là encore bien servis mais trop acides. Ne commettez pas, comme moi, l'erreur de commander une bouteille de vin, pas donnée. Préfèrez-lui le verre unique, histoire de limiter la casse. Refusez le dessert.
Pour éviter les nombreux pièges à touristes bourguignons.

vendredi 4 avril 2014

literatura

LA BÊTE CURIEUSE [2005]

De : Brigitte Fontaine [France]

Mon édition : Flammarion, première édition.

Roman de 135 pages.

Je ne me voile pas la face : je n'ai pas choisi La Bête curieuse "par hasard" mais bien parce que je savais qu'il contenait des passages crus. Ma foi, je n'ai pas été déçue du voyage auquel nous invite Brigitte. Au début, on se rend compte qu'elle ne sait pas écrire et on a peur, c'est bien normal. Et puis on se laisse emporter et on se dit que ce n'est pas très grave, après tout. Bien qu'elle se contente d'énumérer, d'accumuler antithèses et oxymores, ça fonctionne. Et bien qu'elle ne cesse de nous répéter qu'il est impossible de localiser sa prose, on comprend clairement où et à quel moment nous sommes : dans son univers à elle, en 2005. Et force est de constater qu'il est très touchant ton petit cirque, Brigitte. Une sorte de boudoir mi-oriental, mi-nordique, où l'on imagine une Hanna couverte de tatouages au henné et emmitouflée dans une fourrure très chère, dégustant des cupcakes sucrés-salés, épicés et drôlement corsés. De quoi ça parle ? Et bien d'elle voyons, de sa vie, comme un bilan vu son âge, sans regrets, de ceux qu'elle a aimé, de ce qu'elle aime, de ses fantasmes et rien d'autre. Brigitte n'est toujours pas prête à faire la moindre concession. Alors oui, Brigitte Fontaine est folle, pas une pauvre folle, ni une vieille folle, bien au contraire : B.F est bling-bling et mouille encore. A lire, comme moi : pendant ses règles.
- Je te ferai un enfant, ma fille. 
- Ah non [...].
- Je veux que tu sois grosse de moi, fine et grosse comme une miche chaude, je veux lécher ton ventre gonflé de louanges, je veux tenir notre enfant neuf dans mes bras de père Noël, je veux te fesser comme lui quand vous aurez fait des bêtises, je veux vous nourrir de bonbons précieux comme des rubis et crever de plaisir pour un instant éternel. Page 67.

samedi 22 mars 2014

literatura

CE QUE LE JOUR 
DOIT A LA NUIT [2008]

De : Yasmina Khadra [Algérie]

Mon édition : Pocket n°14017, 2011.

Roman de 441 pages.

Si tu penses, ou si tu commences à trouver, qu'il y a trop d'arabes en France, je te conseille de courir acheter ce roman. C'est bon pour ce que tu as. Tu ne les verras plus de la même façon, au moins en ce qui concerne les algériens. A chaque peuple son roman. Ce que le jour doit à la nuit nous parle d'une Algérie que nous ne soupçonnions pas, celle des années 30, 40, 50. Quand la misère des bidonvilles côtoyait les riches bourgs pieds-noirs. Avec toutes les violences que cela laisse supposer. C'est aussi l'histoire d'un amour impossible. De l'importance de ces unions avortées dans nos vies. Où renoncer à un béguin ne signifie pas que tu cesseras de l'aimer.
Peut-être est-ce mieux ainsi, me répétai-je. Émilie ne m'était pas destinée. C'est aussi simple que ça. On ne change pas le cours de ce qui a été écrit... Foutaises ! Plus tard, beaucoup plus tard, j'arriverais à cette vérité : Rien n'est écrit. [...] Bien entendu, il est des choses qui nous dépassent, mais, dans la plupart des cas, nous demeurons les principaux artisans de nos malheurs. Nos torts, nous les fabriquons de nos mains, et personne ne peut se vanter d'être moins à plaindre que son voisin. Quant à ce que nous appelons fatalité, ce n'est que notre entêtement à ne pas assumer les conséquences de nos petites et grandes faiblesses. Pages 299-300.

jeudi 6 mars 2014

fooding

LES CANAILLES

Hamburger.

Adresse : 7 rue de Strasbourg à Chalon-sur-Saône.

Réservation : 03.85.93.39.01.

Pas de site.

Bistrot.

Chez Les Canailles, situé sur l'Île Saint-Laurent, ce n'est peut-être pas très copieux mais c'est très bon. Je vous conseillerai d'opter pour un menu - le plat à la carte s’avérant presque aussi cher que le menu le moins onéreux. Et de choisir des plats typiques de la région, notamment des mijotés (coq au vin, bœuf bourguignon, etc.). Salle et serveurs ne m'ont pas laissé un grand souvenir.

Joues de bœuf en daube.

jeudi 13 février 2014

literatura

LE CHOC AMOUREUX [1979]

Sous-titre : RECHERCHES SUR 
L’ÉTAT NAISSANT DE L'AMOUR

De : Francesco Alberoni [Italie]

Mon édition : Pocket n°4081, 2008.

Essai de 185 pages.

Ce livre, écrit en italien, s'intitule en fait INNAMORAMENTO E AMORE. Comme en portugais, il existe deux mots pour évoquer l'amour. Alors qu'en français, la soi-disant langue de l'amour, il n'y en a plus qu'un seul : on ne s'énamoure plus, on tombe amoureux et on est amoureux. Comme si l'état naissant de l'amour perdurait toujours. De combien de drames conjugaux cette non-différenciation est-elle à l'origine ? Désillusionnez-vous très vite : l'amour qui apparaît, qui commence, est bien différent de celui qui dure, qui survit, qui surmonte, qui s'installe dans la routine. Impossible me répondront les nouveaux amoureux : une de mes amies me soutenait mordicus que son petit ami et elle seraient toujours passionnés (ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, ils vécurent heureux et tranquilles). N'ayez donc pas aussi peur de quitter les débuts de l'amour pour vivre à deux. Car, comme pour tout, atteindre le sommet de la montagne est finalement moins gratifiant que les moyens déployés en route pour l'atteindre. La vue s'annonce de plus en plus spectaculaire au fur et à mesure que l'on évalue la distance parcourue. Choisissez votre point de vue : est-ce que je ne suis pas en train de trop m'éloigner ou plutôt ne suis-je pas en train de me rapprocher de mon but final ? Et ce chemin de plus en plus pentu, n'est-il pas le signe que je me suis trompé de pic ? Celui-ci m'a l'air plus aisé, mais je devrais tout reprendre depuis le début...
Alberoni nous expose ici sa théorie : les débuts du sentiment amoureux, l'état naissant de l'amour, est un mouvement collectif (tels les mouvements politiques, sociaux, religieux) à deux. Soit. Son idée mériterait d'être mise à jour car le sentiment amoureux a, depuis, pris plus de trente ans : il s'est énormément égo-centré et beaucoup trop accéléré.
L'amoureux aime jusqu'aux blessures de sa bien-aimée, il aime les organes internes de son corps ; son foie, ses poumons et les organes internes de son âme : son enfance, les sentiments qu'elle éprouva pour son père et sa mère, son attachement à une poupée. Page 67.

mardi 7 janvier 2014

literatura

LE VOYAGE GELÉ 
[1953 à 1981]

De : Philip K. Dick [États-Unis]

Mon édition : Folio SF n°160, 2003.

Recueil de nouvelles, 219 pages.

Neuf nouvelles, lues d'une traite : Oh mon Dieu ! Celle-là était vraiment horrible ! Passons à la suivante ! Puis à la fin du livre : K. Dick était vraiment, complètement et totalement barré. Pour ceux qui en doutaient, qui en doutaient après avoir déjà lu deux ou trois de ses romans je veux dire. Après coup, je me dis que cet écrivain a choisi la science-fiction uniquement dans le but de pouvoir imaginer de nouvelles réponses à cette question qui nous a tous traversé l'esprit : Qu'est elle la pire fin que l'être humain puisse souffrir ? En augmentant son espérance de vie de quelques milliers d'années, les tourments éternels étaient à sa portée de plume ! C'est donc la mort des protagonistes qui m'a permis de classer mes trois nouvelles préférées : Le retour des explorateurs (1, pire c'est impossible !), La proie rêvée (2, très drôle !) et Le voyage gelé (3, te voilà bien vengé mon minou !). Petit bémol pour Un numéro inédit qui m'a fait bailler : ça doit être dû au fait que dans celle-ci le personnage principal s'en sort indemne. Physiquement du moins, mentalement c'est une autre affaire... Toujours avec K. Dick.
Délicieusement.

vendredi 3 janvier 2014

bédé

LOW LIFE [2005]

De : Ivan Brun [France]

Mon édition : Tanibis, 2005.

Bande-dessinée de 75 pages.

J'suis tombée sur Ivan dans L’Écho des Savanes. C'est le seul qui m'ait donné envie d'acheter sa bédé. J'avais adoré Burned hearts, que l'on retrouve ici à la page 51. Parce que le texte était remplacé par des dessins, dans les bulles, qui t'en racontaient bien plus, parce qu'il y avait du cul (d'où sa publication dans L’Écho) et parce que c'était évident. Oui, les petites histoires de Monsieur Brun sont glauques mais évidentes, manifestes, réelles, parfois banales et presque faciles. C'est toujours un peu facile, surtout en ce moment, d'être nihiliste et de cracher sur ce qui ne va pas, bien sûr, sur ce qui fait PEUR (les effets pervers du capitalisme conjugués à ceux du libéralisme, les budgets colossaux consacrés à l'armement, le chômage, les cités, les soi-disant artistes qui ne font que vendre, etc.) et sur les conséquences logiques de cette peur (la désillusion, la dépression, la solitude, l'addiction, le suicide, la criminalité). On se demande encore comment tout cela va finir, même si on sait déjà que ça finira forcément mal. D'où cette impression d'inachevé, qu'il a presque fini mais pas encore terminé, qu'il te parle du moment qui précède la fin.
Si vous jugez la représentation pénible et ennuyeuse, rien ne vous empêche de vous lever et de quitter la pièce. Page 65.