dimanche 8 novembre 2015

literatura

CHER AMOUR [2009]

De : Bernard Giraudeau [France]

Mon édition : Métailié,
première édition.

Roman de 268 pages.

Un post épistolaire, une lettre adressée à un homme que j'aime mais que je n'aurais jamais rencontré, serait de circonstance. Mais je n'en suis pas capable ! Écrire à l'être aimé idéalisé revient à s'écrire à soi-même. En fait j'espérais surtout qu'il puisse émouvoir mon amoureux d'aujourd'hui ou ceux d'hier (comme s'ils lisaient toujours mon blog ! que je suis naïve !). Et puis : quelle cruauté teintée d'égoïsme ! Un homme imaginaire qui aurait pour caractéristiques mes seuls désirs ! Me rendre compte à chaque phrase qu'il n'existe pas et que je souhaite être aimée par quelqu'un capable de lire dans mes pensées et de réaliser tous mes souhaits ! Trêve de masochisme, je suis lasse...

Je viens de découvrir que ce roman s'adressait aussi à la dernière compagne de Giraudeau - qui se savait condamné et qui est décédé l'année suivant la publication de Cher amour. Je comprends mieux sa démarche. S'il ne me restait que quelques moments à vivre, je les passerai aussi à écrire, bien que je ne sois pas un homme de théâtre ni un écrivain. Parce que mes écrits me survivraient, parce que les personnes auxquelles ils s'adresseraient pourraient les lire, les relire et les relire encore. Parce qu'à mes yeux, une lettre vaut bien plus qu'une multitude de conversations.

Lisez-le si vous aimez les romans d'amour, les récits de voyages (Amérique du Sud, Afrique, Asie), les livres d'Histoire ou encore le théâtre. Si vous aimez Giraudeau ! C'est son autobiographie, en fin de compte. Cette mystérieuse femme à laquelle il écrit n'est que le faire-valoir de l'amour qu'il porte à l'Autre. N'écrit-il pas, à la page 179, que les dames sont pour beaucoup nos rêves et notre terra éternellement incognita ? Et s'il assumait complètement notre façon d'attendre l'amour, même si on l'a déjà trouvé ? Parce que, vous savez bien : tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.
Cela m'amuse toujours d'imaginer cet autre dans une réalité qu'il faut réinventer. Page 211.

lundi 31 août 2015

fooding


Adresse : 9 rue de la Fontaine à Montpellier.

Réservation : 04.67.67.12.07.

Pas de site.

Cuisine du marché.

Quartier Saint-Roch. Dans la rue située en face de l'église Saint-Roch, au fond, à gauche, une poignée de tables pour deux vous attendent. L'équipe du Paresseur, jeune et dynamique, va vous conquérir par son accueil et la présentation de sa carte. Prenez le soin de bien choisir car la quantité, déjà réduite par la qualité des ingrédients sélectionnés, diminue d'un plat à l'autre. Mon carpaccio de daurade était si fin, que j'ai bien cru que mon assiette était vide ! Mais il était agrémenté de fines lamelles de truffe blanche d'été. Le veau, que l'on m'a vendu rosé, est finalement arrivé bien cuit ! J'ai regretté de ne pas avoir choisi la soupe de courgettes : généreuse, coiffée d'une chantilly rehaussée d'une magnifique tuile de parmesan, ou leur burger. Comptez 25€ par personne pour une entrée, un plat (ou un plat et un dessert) et un bon verre de vin.

Qualité ou quantité, il faudra choisir.

dimanche 19 juillet 2015

fooding


Adresse : 8 rue du Plan d'Agde à Montpellier.

Réservation : 04.67.57.35.03.

Pas de site.

Cuisine de nos grands-mères.

Je suis très mal élevée. Tandis que la plupart des blogueurs du moment on fait le choix de ne parler que des restaurants qu'ils ont aimés, je ne crains pas de vous déconseiller certains établissements. Qualifié par un ami de "piège à touriste" et par un autre de "bonne table", je me suis risquée à dîner chez Dédée-Jacqueline, ex-Tonton Bobby, un samedi soir de juillet. Le lieu, situé juste en face de l'entrée de l'église Saint-Roch, est idéal. L'accueil est bon, sans plus. Les prix sont corrects (environ 15€ le plat principal), la carte variée, les intitulés alléchants... des plats canailles, tout droits sortis des cuisines de nos grands-mères, copiant parfois celle des bouchons lyonnais. Plutôt gras pour la saison : nous optons pour des seiches, un jambon braisé, une cuisse de canard et des brochettes de bœuf. Une fois servis, j'ai immédiatement compris que nous n'allions pas nous régaler : je n'avais qu'une seule seiche qui allait s'avérer crue d'un côté, le jambon était caché sous la sauce, les brochettes avaient l'air triste, le canard ruisselait... On a mangé sans rien dire, on a payé sans prendre de dessert ni de café ni même leur carte et on est partis sans nous retourner.
Dédée et Jacqueline, les mémés de Boris (de Chez Boris à Montpellier) doivent se retourner dans leur tombe.

mercredi 8 juillet 2015

kinéma

LA LOI DU MARCHÉ [2015]

De : Stéphane Brizé [France]

Durée : 1h33.

Oh mon Dieu ! Un film avec Vincent Lindon ! OMD ! Je vais voir un film avec Vincent Lindon ! OMD ! C'était pas mal du tout ! Oui ! Il a mérité son prix d'interprétation masculine ! 
Ce n'est pas tant le fait qu'il est bon dans La loi du marché que son physique, mûr à point, affiné à la perfection, tendrement mijoté, pour interpréter un Thierry émouvant, plus vrai que nature. Et c'est là tout son talent. N'avoir vécu cinquante-cinq ans que pour interpréter ce rôle qui lui va comme un gant. Ce n'est pas lui qui joue, c'est chaque pore de sa peau. Comme autant d'inscrits à Pôle Emploi, qui s'exprimeraient à travers lui : joue Vincent, jouuuue ! Et voilà l'aboutissement de toute une vie : une insoutenable heure et demie, à se demander comment on en est arrivé là. A subir, à supporter, à tolérer et à accepter l'insupportable, l'intolérable et l'inacceptable loi du marché. Celle qui transforme les hommes en variables.
...AND JUSTICE FOR ALL

jeudi 2 juillet 2015

literatura

COMMENT PEUT-ON (ENCORE) ÊTRE UNE FEMME ? [2011]

De : Caitlin Moran [Angleterre]

Mon édition : Flammarion, 2014.

Oui, je sais, je sais : t'as failli ne pas lire cet article. Moi aussi j'ai tout de suite pensé à un énième bouquin de chick lit, où une nana occupant un poste à responsabilité se plaint des hommes auprès de ses copines, avant de s'enfiler une demi-douzaine de mojitos et de finir au lit avec le barman, qui s'avère être en fait le PDG de sa multinationale. Mais je n'y étais pas du tout. C'est l'auteur du bouquin en couv. Et ce livre est en quelque sorte sa biographie.

Elle utilise sa propre expérience pour défendre la condition féminine. Au début j'ai cru qu'il s'agissait d'une nana qui allait encore nous prodiguer maints conseils pour arriver à sa cheville, mais mes craintes se sont dissipées au fur et à mesure que je comprenais où elle voulait en venir. Elle aimerait que les femmes comprennent qu'elles sont toutes des féministes enragées. Qu'il n'y a pas d'autre façon de vivre quand on est une femme. On ne doit pas jouer le jeu de ceux qui les oppriment, à commencer par certaines d'entre nous. A partir de là, comprenez qu'il n'y a pas d'autre choix possible que celui qui consiste à se foutre de l'opinion des autres, au risque de passer à côté de notre vie. Autre chose : il faut vraiment qu'on arrête de juger les femmes qui ne veulent pas avoir d'enfants. Car en avoir, elle sait de quoi elle parle, c'est loin d'être de la tarte. Les femmes doivent être soutenues dans les deux cas. J'ai capitulé devant la justesse de ses propos et j'ai arrêté de dire à mes amies de faire des bébés, même si je suis très heureuse d'en avoir eu un. 
 
J'ai également trouvé que Comment peut-on (encore) être une femme ? n'était pas facile à lire : un lecteur français passant à côté, ou se fichant totalement, des nombreuses références à la culture britannique. Mais qu'il était tout de même très marrant, du fait de la personnalité de Caitlin et de ses 1001 anecdotes sur le star system et sa passion évidente pour son boulot de chroniqueuse musicale et journalistique. Essayer c'est l'adopter.
[...] tout le monde pense que les personnes souffrant de troubles alimentaires [...] ne sont que des rebuts. [...] De toutes les compulsions irrésistibles capables de vous détruire, toutes ont le potentiel variable d'exercer une certaine fascination perverse et malsaine - à l'exception de celle liée à la nourriture. Prenez, par exemple, David Bowie. Voilà un homme qui consommait tellement de cocaïne qu'il s'était mis à conserver son urine en bouteille dans le réfrigérateur, craignant que des sorciers "puissent la voler". Et pourtant [...] qui nierait que le fait que Bowie décrive maintenant son esprit comme "gruyérisé" par l'abus de cocaïne a quelque chose d'adorablement rock'n'roll ? Enfin, c'est David Bowie ! Ou imaginez Keith Richards, époque Glimmer Twins [...] Tout le monde l'adore ! [...] Mais imaginez si, au lieu de prendre de l'héroïne, Keith s'était mis à se goinfrer et à doubler de volume. S'il s'était pris de passion pour les spaghetti bolognaise, par exemple, ou s'il montait sur scène avec un Subway aux boulettes de viande de 30 centimètres de long à la main, et s'arrêtait entre chaque morceau pour mordre dedans. S'il errait jusqu'à Alphabet Street, pris de tics, en manque depuis quatre heures, cherchant désespérément du Babybel. [...] Arrivé à Their Satanic Majesties Request, tout ce qu'aurait exigé sa Majesté satanique serait une ceinture de 96 centimètres, et tout le monde se serait moqué des Stones et de leur chamallow géant de guitariste qui détruisait le concept même de rock'n'roll. [...] si les gens mangent à l'excès, c'est exactement pour les mêmes raisons qui les font boire, fumer, baiser à la chaîne ou prendre de la drogue. Pages 143-144.

lundi 1 juin 2015

literatura

NOCES DE SEL [2012]

De : Maxence Fermine [France]

Mon édition : Albin Michel, première édition.

Roman de 119 pages.

Aigues-Mortes mérite bien plus qu'un roman de quelques feuilles ! Réduit à un conte où le prince est un champion de la course camarguaise, et la princesse la fille du boulanger. Ne me dites pas que Fermine espérait devenir le Pagnol languedocien ou la Nothomb roussillonnaise avec ce livre, où la messe est dite dès la seconde page? Sans savoir qu'il vivait à cet instant sa dernière aube sur terre. Plof ! Comme un soufflé. Ou bien est-ce un effet de mode : format série à la télé, bouquin d'un soir au chevet ? Comment ne pas rester sur sa faim avec un format aussi court ? Qui ne déploie jamais ses ailes. Tout se passe comme si Noces de sel avait été écrit le temps d'un weekend dans le Sud, après une brève visite à l'Office du Tourisme et un café dans un bar à touristes. Alea jacta est. L'histoire d'Isoline et de Valentin ne deviendra jamais légende. Condamnée, avant de vivre, à errer dans les rayons de Gibert Joseph et les annonces de Price Minister...
Qué gâchis !

dimanche 19 avril 2015

fooding

AUX GRANDS ENFANTS

Adresse : 769 avenue Raymond Dugrand à Montpellier.

Réservation : 04.67.81.72.62.

Site : http://aux-grands-enfants.fr/

Nouveau restaurant.

Le restaurant du Nuage - le bâtiment "gonflé" imaginé par Philippe Starck et dédié au bien-être -concept que seuls les plus aisés d'entre nous pourront comprendre- qui a ouvert l'année dernière. Situé au rez-de-chaussée, en face du Mia de Pascal Sanchez, il est ouvert 7 jours sur 7, de 8 heures à 1 heure du matin, ce qui lui permet de recevoir une clientèle assez large : familles huppées le weekend, cadres quadra en semaine, célibataires heureux de l'être le soir, pseudo-sportifs nantis et vieilles peaux friquées en journée... J'y étais un samedi à midi, le restaurant était encore désert, royal ! L'endroit m'a beaucoup plu : grand, lumineux, moderne - un peu trop à mon goût, le plastique n'étant pas toujours fantastique. La serveuse avait l'accent italien et était prévenante. Les plats m'ont alléchée, les assiettes fait saliver, les bouchées ravie... L'addition fût, avec justesse, poivrée : entre 20 et 25€ pour un plat et un verre de vin. C'est bien simple, vous en parler m'a donné envie d'y retourner.

 Souris d'agneau cuite 5 heures, polenta croustillante, épices et légumes d'un tajine.

Pavé de rumsteak 200g Simmenthal, oignons en tempura, légumes confits, jus au persil.

vendredi 6 mars 2015

literatura

BERNADETTE A DISPARU
[2012]

De : Maria Semple [États-Unis]

Mon édition : 10-18 n°4787, 2014.

Roman de 427 pages.

Il y a de quoi se gratter la tête. Vous trouvez sans doute qu'il est facile de répondre à la question : ce bouquin vaut-il la peine d'être lu, oui ou non ? Et bien... je n'en sais rien. L'histoire est assez originale, du genre qu'on ne peut qu'adapter maladroitement sur grand écran : une maman au foyer qui critique ses consœurs, ostracisée parce qu'elle ne fait pas comme elles, de ce fait adulée par sa fille unique, flattée d'être et de se sentir à part. Mais ça part loin justement... trop/très loin... jusqu'en Antarctique ! (Je ne plaisante pas.) Quant à la forme : épistolaire, avec un peu de récit pour lier les différents documents écrits comme autant d'indices nous permettant de découvrir ce qui a bien pu arriver à Bernadette - la maman. Pas mal, mais ça s'essouffle à la fin, cette fin du roman qui s'annonçait pétaradante mais qui ne cesse de tourner en rond (littéralement, je veux dire, sur un des sommets du globe terrestre) et se perd (tiens donc !). Reste le style : l'auteure pioche parmi tout un tas de références siglées ultramodernes, donc déjà dépassées trois ans après la publication du roman. Tout cela m'a donné envie de faire simple : lisez-le, revendez le bouquin. Cordialement, Liria.
Quand j'ai gravé le CD, je n'ai pas réfléchi en cliquant sur OK quand iTunes m'a demandé si je voulais qu'il y ait deux secondes d'interruption par défaut entre les morceaux. [...] Si vous ne comprenez pas à quel point c'est tragiquement agaçant, essayez un peu de chanter Here Comes the Sun King. Vers la fin, la voix s'endort tout doucement en espagnol, on se prépare à groover pour Mean Mr Mustard, car ce qui rend la fin de Here Comes the Sun King si totalement géniale, c'est que le son disparaît peu à peu, mais qu'en même temps, on anticipe déjà la batterie de Ringo qui démarre Mean Mr Mustard, et c'est là que ça devient funky. Mais si vous n'avez pas décoché l'interruption de deux secondes par défaut sur iTunes, vous arrivez au bout de Here Comes the Sun King, et alors... DEUX ATROCES SECONDES DE SILENCE DIGITAL. Et pendant Polythene Pam, juste après look out, - BLANC - avant She Came in Through the Bathroom Window. Franchement, c'est une vraie torture. Et chaque fois, avec maman, on hurlait. Enfin, le CD s'est terminé. Pages 116-117.

lundi 2 février 2015

fooding

LES CASSEROLES EN FOLIE


Adresse : 4 rue Saint-Côme à Montpellier.

Réservation : 04.67.60.57.06.

Pas de site.

Crêperie.

Moi (à deux amis) : Et si on allait aux Casseroles en Folie ?
Eux : Un restaurant ?
Moi : Non, une crêperie !
Eux : Mais pourquoi "les casseroles", alors ?
Moi : Je sais pas moi, vous trouvez que "Les Poêles en Folie" conviendrait mieux ?
Eux : Ah ah ah, non.

Ce sont  donc les biens-nommées Casseroles en Folie que vous recommande en ce jour de la Chandeleur. C'est peut-être encore là-bas que l'on vous servira la meilleure crêpe salée ou sucrée de Montpellier. Qu'est-ce qu'une bonne crêperie ? Une crêperie qui sent le beurre quand on passe devant (c'est le cas). Qu'est-ce qu'une bonne crêpe ? Une crêpe ni trop fine, ni trop épaisse, dentelée à souhait (c'est bien le cas ici aussi). Comptez large pour avoir l'embarras du choix : 15 euros par breton.
Bon boui-boui à bolées.

samedi 3 janvier 2015

bédé

NO COMMENT [2008]

De : Ivan Brun [France]

Mon édition : Glénat, 2008
[prix : 13,90€].

Bande-dessinée de 87 pages.

Il y a un an jour pour jour je vous présentais une BD d'Ivan Brun. Est-ce que ça vous avait plu ? Si c'est le cas, je vous conseille également celle-ci. Vous y retrouverez Burned hearts - seul doublon. Comme son titre l'indique, l'auteur confirme son goût pour la bande totalement dessinée, où le texte des bulles est entièrement remplacé par un ou plusieurs dessins. Là encore, ça fonctionne à merveille et bien qu'il soit passé à la couleur, la tonalité principale reste la noirceur de l'être humain. A lire le cul assis entre deux chaises : en se félicitant de comprendre ce qu'il veut nous dire et en regrettant d'avoir compris. Impossible de sourire, même quand c'est tordant : le propos est bien trop grave. Comme si Ivan n'avait pas de mots pour décrire notre course effrénée vers la fin des temps. Rapide car déjà sans limite, mais extrêmement lente pour tous ceux, la majorité, qui sont déjà à l'agonie.

Sang commenté.