samedi 20 novembre 2010

literatura

UNE FORME DE VIE [2010]

De : Amélie Nothomb [Belgique]

Mon édition : Albin Michel, première édition.

Roman de 169 pages.


Chère Amélie Nothomb,

Internet t'étant terra incognita, tu ne liras jamais cette lettre qui t'est pourtant adressée. Tu conviendras qu'il y a de la noblesse à écrire sans attendre de réponse de la part de son destinataire. De plus, je n'ai pas attendu que tu écrives un roman sur la correspondance pour t'écrire sur ce blog (voir ici), pourtant ouvert à toute réponse grâce aux commentaires. Donc oui, je t'aime bien. Cependant, bien aimer n'est pas aussi grandiose qu'aimer tout court, j'en conviens et m'en excuse.
Je sais aujourd'hui, après avoir lu Une forme de vie, que je ne t'écrirai jamais par voie postale, que je ne tenterai jamais ma chance de devenir l'un de tes heureux correspondants et le regrette vivement. Autre désillusion : mercredi tu étais à Montpellier, c'était l'occasion idéale de te revoir et je ne l'ai pas saisie. Pire encore : mercredi tu étais à Montpellier et ça ne s'est pas senti, ni en moi, ni hors de moi. Je crois bien, Amélie-san, qu'avec ce dernier roman tu as déçu une de tes ferventes lectrices. Cela ne t'étonnera certainement pas : on écrit pas Une forme de vie sans éviter des dommages collatéraux, dont je fais de tout évidence partie.
En effet, Une forme de vie c'est le grand retour de tes thèmes de prédilection : l'écriture, les problèmes de poids et toi, et toi, et toi. J'y pense : est-ce que tu as choisi d'être maladroite au sujet des obèses parce que tu es toi-même un écrivain extrêmement fat ? Tu sais, les braves gens n'aiment pas que l'on se moque d'eux, ils n'aiment pas qu'on leur serve un mode d'emploi de sa grande personne à l'usage des mortels sous couvert de littérature. Certaines pages de ton bouquin m'ont fait bondir de mon canapé ; Une forme de vie n'est qu'un des chapitre de l'œuvre que tu te dédies : Comment écrire à Amélie Nothomb par... Amélie Nothomb, nom de dieu, c'est quoi le prochain titre ? Une sorte de désir ou Comment baiser Amélie Nothomb par Amélie Nothomb ? De mon modeste point de vue, il ne te reste plus que deux options possibles : soit ton prochain roman ne parle plus de toi, plus du tout, soit tu nous écrit un autre Amélie Nothomb pour les nuls et tu peux m'oublier. Et que ça soit clair Amélie : si la situation est devenue aussi intolérable que cela, si tu éprouves encore le besoin d'éduquer ton lectorat, si tu as compris que tu avais cessé d'aimer tes lecteurs et que l'autre est définitivement un ennemi alors c'est bien simple : arrête de publier !

Sincèrement,

Une forme d'amitié.

Vanité des vanités, tout est vanité.

jeudi 11 novembre 2010

literatura

COUPLES [1968]

De : John Updike [États-Unis]

Mon édition : Folio n°43.

Roman de 636 pages.

Bien que la littérature ne s'apprenne ni sur les bancs du collège ni du lycée, sur ceux de la fac non plus, mes professeurs n'ont eu de cesse de me rabâcher deux choses importantes, qui de leur avis étaient essentielles à l'étude d'un roman : il s'agit du temps et du lieu. Et que si on parvenait à retenir ça, c'était déjà pas si mal. Couples est un roman dont l'action se déroule à la fin des années JFK, dans le Massachussets atlantique. Est-ce que ça suffira ? J'en doute. Quoi que.
Les hommes avaient cessé de s'intéresser à leurs carrières, les femmes d'avoir des enfants. Restaient l'alcool et l'amour. Maintenant que tu sais quand et où ça se passe, tu commences à comprendre. A comprendre que dans la littérature américaine, Kennedy n'en finira jamais de mourir. Que les romans antérieurs aux années LSD littéraires sont toujours longs à venir, comme l'éjaculation dans le mariage. Qu'il faut énormément de talent pour sortir quelque chose d'excitant situé entre la WW2 et Woodstock, a fortiori si les personnages que l'on te présente appartiennent à la bourgeoisie puritanodescendante. Comment s'exciter quand on a déjà fait l'expérience de l'american dream ? Combien de romans, de films et de séries américains ne te parlent que de ça ? J'ai cessé de compter. Coupable d'avoir fait l'expérience du bonheur l'être humain tend alors à sa propre destruction, parce que se sentir vivant passe forcément par se sentir seul et malheureux. Jusque là tu n'es constitué que de carton-pâte. En s'imbibant dans la fange de la luxure, donc de l'infidélité car le mariage est un pacte scellé avec la pureté, tu commences enfin à t'épaissir, à tout perdre, à mourir donc à vivre : plongeant, il vit combien la mort, loin d'envahir la terre comme un météore, se situait sur le même plan que la naissance, le mariage et l'arrivée quotidienne du courrier.
Apologie du coup de canif dans le contrat.

dimanche 19 septembre 2010

literatura

A CONFISSÃO DE LÚCIO [1913]

Disponible en français sous le titre
LA CONFESSION DE LÚCIO
aux éditions de La Différence.

De : Mário de Sá-Carneiro [Portugal]

Mon édition : Bis Leya, 2009.

Nouvelle de 121 pages.

Un livre qui commence par "Vers 1895, je ne sais plus trop comment, je me suis retrouvé en train d'étudier le Droit à la Faculté de Paris, ou plutôt, en train de ne pas étudier." et qui finit par "Ainsi j'ai, dans l'espoir que l'on me croie, dû d'abord expier, en silence, pendant dix ans, un crime que je n'ai pas commis... La vie...", un livre qui a fini d'être rédigé en 1913 par un écrivain qui s'est suicidé à Paris à 26 ans après "une tentative avortée d'études de droit" dixit M. Wikipédia, je ne sais pas vous, mais moi je l'achète les yeux fermés. Sans hésiter une seconde. Parce que je sais ce que ces premières petites nouvelles biographiques écrites par de jeunes écrivains torturés, attirés par la vie parisienne de la fin du XIXème siècle comme des moucherons autour d'un réverbère, ont de génial. En plus d'un voyage gratuit dans la capitale de l'entre-deux siècles, je savoure ces lectures printanières à l'heure du thé, telle une jouvencelle aux joues fardées, le sourire enfantin, le doigt coquin puis inquisiteur au-dessus de la boîte de friandises qui s'ouvre devant elle : symbolisme en nougat, décadence au praliné et sa noix de pécan caramélisée, modernisme fourré à la ganache au chocolat noir, rocher du suicidé et palet aux amandes amères, etc. Qu'importe, quel que soit l'auteur, quelle que soit l'histoire qui m'est contée, le plaisir sera toujours au rendez-vous et mes papilles littéraires toujours ravies.
♪ J'vis toujours des soirées parisiennes,
J'voudrais vivre des soirées brésiliennes
Et vivre au vent, à feu, à cent,
M'ouvrir au sentiment
. ♫*
*A déguster sans modération. Mais consultez tout de même rapidement en cas de forte dépendance.

samedi 4 septembre 2010

psycho

LES PHOBIES [2003]

Sous-titre : ou l'impossible séparation.

De : Irène Diamantis [France]

Mon édition : Champs essais n° 923, Flammarion, 2009.

Essai de 260 pages.

Être phobique. C'est avoir peur mais pas que. Un être phobique a peur sans raison apparente de quelque chose qui n'existe pas. Pfiou. Mais si mais si, tu vois très bien de quoi je veux parler. De ceux qui ont une peur bleue de la foule, du vide, de la vitesse, du noir, des rats, etc. Mais aussi : de conduire leur voiture, de leur propre enfant, de descendre un escalier dans le métro, d'un simple couteau posé sur la table de la cuisine, etc. Ce qui n'est pas banal. Car que l'on préfère la lumière à l'obscurité et les places désertes à la foule en délire, passe encore. Mais que penser de ceux qui sont effrayés par les objets les plus anodins du quotidien ? Et qui bien souvent sont terrorisées à l'idée de se trouver dans une situation qu'elles ont pourtant déjà vécu auparavant sans souci aucun ? On a beau leur expliquer qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur, leur angoisse persiste. Irène Diamantis a enquêté sur le terrain, en consultation avec ses propres patients phobiques et te rend son verdict : t'es pas sorti de l'auberge ! Car ta phobie n'est que la partie visible de l'iceberg. Va falloir consulter, et pas qu'un peu ! Et puis compte pas sur ta phobie pour t'aider, c'est pas parce que tu te liquéfies dès que tu monte en avion, ou que tu dois traverser un pont, que l'avion ou le pont sont les coupables à disséquer. Non non, va falloir remonter beaucoup plus loin, te taper une bonne psychothérapie, pour enfin comprendre tes sueurs froides. Uniquement pour arriver à comprendre cette phobie qui te pourrit la vie et peut-être en atténuer les effets. Ben oui, si tu parviens à comprendre exactement d'où ça vient, que tu en es conscient, tu dois bien pouvoir contrôler cette peur injustifiée. Tu peux tout aussi bien ne jamais y arriver, ne jamais comprendre et vivre avec ta peur panique ad vitam aeternam.
A tous les froussards, trouillards et pétochards...

lundi 21 juin 2010

music


CLARK : TOTEMS FLARE

[Angleterre, 2009]

Ce n'est que très récemment que j'ai réalisé que je ne savais pas écrire. Et c'est en voulant chroniquer ce cédé que j'en suis venue à cette triste conclusion, à ce lugubre constat, à mi-chemin d'une résignation encore à venir. Tout ça parce que j'ai les mots trop pressés, soumis au résultat façon masturbation. Bref, Clark te parle ici de nostalgie. Pas n'importe laquelle. La nostalgie, familière, de tous ces moments, de tous ces gens, de tous ces pays que tu n'as jamais connus mais tellement désirés. Imagine qu'en fin de compte ces moments jamais vécus, juste fantasmés, viennent à arriver : tu finis par te perdre à Tokyo, par te taper tel mec dont tu avais tellement tellement rêvé, par vivre les moments que tu ne connaissait que pour les avoir inventés. Est-ce que la nostalgie n'était pas le chemin qui menait à ça ? Finalement, ne vaudrait-il pas mieux troquer ce billet d'avion pour Tokyo pour une autre destination, qui plairait plus à ton petit ami, et si tu décidais qu'il valait mieux en rester là avec ce garçon et de ne plus mentir, te mentir, au moins essayer ? Tu sais bien, un truc du genre : c'est la vie, c'est ça grandir, devenir adulte. T'écoutes Totems Flare et tu comprends que ce genre de constat n'est pas si amer, qu'il est juste vertigineux, mais qu'il te permettra à coup sûr d'être un peu plus près de toi-même. Écoute, écoute, écoute, je te garantis que ton booty va shaker baby, que ton bassin va reconnaître l'époque dorée de la house qu'il n'a jamais connu, et que tout ton corps va se mettre en branle de manière incoercible, en mode automatique, sans avoir peur de bander en public.
CQFD

vendredi 28 mai 2010

literatura

TODOS OS CACHORROS SÃO AZUIS [2008]

Traduction littérale :
TOUS LES CHIENS SONT BLEUS


De : Rodrigo de Souza Leão [Brésil]

Mon édition : 7letras, Rio de Janeiro, 2008.

Roman de 78 pages.

De Rodrigo de Souza Leão. Je répète, au cas où. Tout avait pourtant mal commencé entre nous : j'ai débusqué ton roman dans un bac à livres rempli de poussière et d'œuvres proches de la décomposition littéraire, je l'ai payé 1 euro. Autant te dire que je n'en attendais pas grand chose justement parce qu'il m'attirait. En commençant ma lecture j'ai remarqué qu'on avait un peu la même écriture, difficile alors d'apprécier. Puis que ça me faisait penser à Mémoire d'éléphant de António Lobo Antunes, indétrônable à mes yeux. Finalement j'ai compris que je faisais erreur : ton roman était certes autobiographique mais ton séjour en hôpital psychiatrique sentait plus que le vécu. Plus que l'étalage prétentieux de ta folie présumée. Plus que l'expérience traumatisante transcendée en œuvre d'art. Impensable : un pamphlet, un polar, une comédie, une allégorie, de la science-fiction, du nonsense cohabitant harmonieusement en moins de 80 pages ! Le tout écrit à la première personne par un schizophrène souffrant de troubles délirants persistants. En même temps : qui d'autre aurait pu écrire ce roman ? Je me suis dit : ce gars est un génie, je veux lire ses prochains livres. Je découvre Rodrigo l'écrivain après Rodrigo le personnage. Que t'as étudié le journalisme, que t'as un faible pour la poésie comme j'avais déjà pu le remarquer, que tu participes à tout un tas de revues et de groupes littéraires sur internet. Je découvre ton blog à toi, Lowcura (Loucura signifiant Folie en portugais) tout de bleu vêtu et enfin j'apprends que tu es... mort ? Oui, c'est bien ça, en juillet dernier... à 43 ans... dans un hôpital psy de Rio. C'est bien ma veine. Moi qui venais tout juste de trouver un écrivain qui faisait enfin fi de la postmodernité de mes couilles, celui qui s'était retroussé les manches plutôt que de s'en griller une autre. Faudra désormais que je te contemple sept pieds plus bas, la tête baissée dans une totale admiration en attendant que tes romans soient traduits en français, que ta renommée internationale et posthume tombe du ciel. Un ciel bleu royal, tu sais, au-dessus d'un nid de coucou.
La première des libertés c'est sortir de la chambre d'isolement. La seconde c'est de se promener dans l'hôpital. La liberté, uniquement en dehors de l'hôpital. Mais la liberté même n'existe pas. Je n'arrête pas de me heurter à quelqu'un pour être libre. Si on était libres le monde serait une folie avec tout le monde. Moi j'aurais pu sortir me balader avec Rimbaud et Baudelaire. Voyager vers Angra dos Reis (Baie des Rois).

mercredi 19 mai 2010

Mon avis sur la question IV

LE PLAGIAT

Ce post fait suite à ma lecture de L'Alchimiste de Paulo Coelho.

Qu'est-ce que le plagiat ? C'est lorsqu'un artiste ne cite pas ses modèles de référence. Point final. Inutile de tergiverser sur cette définition. S'inspirer des idées ou du style d'untel ce n'est pas copier untel. S'inspirer c'est s'approprier, plagier c'est imiter à l'identique (ou presque !) sans rien dire. En fait c'est ce "presque" qui est dangereux car si le plagiat à l'identique est, pour la plus grande honte de celui qui s'en sert, facilement décelable, le quasi-plagiat tend à cacher celui ou ceux qu'il imite. C'est à ce moment précis que les connaisseurs s'indignent, ceux qui ont réussi à déceler ce genre de plagiat et qui, sous couvert d'éthique, ne dépassent pas la démonstration de culture ou d'intelligence. Car la première réaction logique à adopter lors d'un flagrant délit de plagiat serait de ne pas acheter l'œuvre en question ou bien si c'est déjà fait de la revendre. Si l'artiste est un faussaire, autant se débarrasser de sa camelote, non ? Il semblerait qu'ils soient nombreux, les artistes qui peinent à avouer quels sont leurs modèles, à concéder qu'avant d'être des créateurs ils étaient des fans. Comme si plagier c'était toujours moins pire que de reconnaître qu'on ne naît pas génial mais qu'on peut le devenir. Être ou ne pas être un artiste dans l'âââme, telle est la question. Elle est pourtant très belle cette image, celle de l'artiste qui a poussé au soleil d'influences amies telles des dieux bienveillants. Passionnée de musique, j'apprécie de lire les interviews de groupes qui parlent de leurs influences. A la condition que celles-ci ne soient pas des plagiaires évidemment (ne souriez pas, ça arrive plus souvent que vous ne croyez). Pour ne citer que lui : Lemmy Kilmister, le chanteur et leader du groupe Motörhead est un artiste reconnu qui se dit lui-même constamment influencé et qui se sait inspirateur.
S'il y a bien un plagiat insupportable c'est le plagiat littéraire, forcément plus visible. Dans le plagiat littéraire tout se passe comme si les mots étaient limités, comme si un écrivain ne pouvait désormais plus réinventer l'écriture et que le post-modernisme avait vaincu. Une sorte d'aberration commerciale où le plagiat fait vendre. Parce que le consommateur de ce genre d'ouvrage pense qu'il y a le bon plagiat et le mauvais plagiat, pire, que si la lecture est facile le plagiat est pardonnable. Lorsque je dis que je suis diplômée en portugais on me répond qu'on adore les romans de Paulo Coelho, un plagiaire de première. Non, non et non, Paulo Coelho n'est pas un écrivain ! C'est comme je vous l'ai dit, quelqu'un qui a beaucoup lu et qui a grimpé les échelons de l'Académie des Lettres du Brésil avec une soupe à la pierre. Dans son Alchimiste il reprend à son compte et sans vergogne des traités et des proverbes arabes. Pas à la façon d'une Amélie Nothomb pour qui ce genre d'exercice n'est qu'un support à ce qu'elle se propose d'écrire mais à la façon "je viens de l'écrire, t'en penses quoi ?". Dans ce livre, tout, mais alors tout (style, idées, histoire) est emprunté, sans aucun remerciement ni source citée. C'est bien simple : on dirait une traduction ! La traduction d'une traduction puisque vous l'aurez sans doute lu en français. Cherchez l'erreur : les fans de Paulo Coelho préfèrent lire ses livres plutôt que ceux qu'il plagie. Alors qu'on ne me parle plus de ce soi-disant génie de la littérature et qu'on fasse tomber les copieurs de leur piédestal mercantile. En utilisant des piques en fer.
C'est la luuuuuuutte...

lundi 17 mai 2010

music


THE HEAD CAT : FOOL'S PARADISE

[États-Unis, 2008]

Suis tombée dessus par hasard, je sais plus bien quel soir, s'il faisait beau s'il faisait moche. J'avais déjà enfilé ma dernière pièce dans le jukebox, avant même d'avoir choisi le vinyle. Un de ces moments où on a envie de rien en particulier, tu vois, mais où il faut quand même choisir. Hop, c'est parti pour Fool's paradise, vas-y fais-moi rêver bébé. J'avais à peine fait quelques pas quand je reconnais cette voix, pas n'importe laquelle, LA voix. J'étais sur le cul et en plus je tournais le dos à un jukebox. Putain ! Lemmy m'avait fait un gamin dans le dos ! C'est toujours le principal concerné qu'est le dernier au courant pas vrai ? Mais pas le temps de lui en vouloir, grand'pa s'est surpassé. Ces chansons je les connais toutes, mais jamais comme ça. J'étais like a virgin et en plus j'avais la chair de poule. J'ai commencé par allumer une clope comme si j'étais un homme, ça s'engageait bien, puis très rapidement s'est passé dans les pieds, qui tapent en cadence comme si j'savais danser la country, j'avais l'impression d'avoir des ailes ou des éperons, je sais plus. Heureusement le bar était vide, heureusement le patron était dans la remise. Je m'assois, les jambes écartées, en pensant à Lemmy comme si j'étais une fan de 35 ans. Ben quoi, il s'entoure de deux bons copains, Slim Jim et Danny B., il donne tout ce que il a dans tout ce qu'il aime, il sort son vinyle en juif, tout ça pour quoi, pour moi ? Depuis quand ce disque était-il en train de m'attendre ? Et si Lemmy avait vraiment fait tout ça uniquement pour nous dire que oui, petite, vous faites tous partie de la famille ?
Johnny*, Buddy** et Elvis*** sont plus vivants que jamais, la preuve par 15.


P.S : Shaaaaaame on me, j'ai été doublée ! Et pas qu'un peu mon neveu, voilà bientôt 2 mois que la version CD était chroniquée sur
SOUM. Avec des mots qui sonnent dix fois plus juste que les miens qui plus est. Et, parole de scout, c'est pas parce que je suce la bite de l'auteur tous les soirs que je dis ça, croix de bois, croix de fer, si je mens...


* Cash
** Holly
*** le seul et unique

samedi 15 mai 2010

Mon avis sur la question III

LE VIOL

Ce post fait suite à ma lecture d'Une fièvre impossible à négocier de Lola Lafon.

Mais qu'est-ce qui me prend de parler d'un sujet aussi délicat ? Et surtout qu'est-ce qui m'a pris d'en parler, la semaine dernière, à des gens que je ne connaissais pas ? Oui, j'ai voulu parler du fantasme du viol à des gens que je ne connaissais pas, sans penser une seconde qu'une personne qui avait été violée se trouvait peut-être parmi mon auditoire, que j'aurais pu blesser. Quelqu'un pour qui viol égale drame, et qui n'aurait pas pu comprendre que viol puisse aussi égaler fantasme. Hélas, c'est le même mot pour les deux. C'est toujours le même mot, viol donc, qu'elle que soit sa nature, qu'il soit physique, moral, fantasmé, etc. Hélas, ou plutôt ouf, ce soir là je n'ai heurté la sensibilité de personne. J'ai juste donné une bonne occasion à une fille désireuse de se faire plaindre, de se faire apprécier (beaucoup confondent) d'arriver à ses fins. Il lui a suffit de bien se renseigner sur ce dont je parlais, puis lorsque je lui ai confirmé que je parlais bien d'un viol sexuel (mais fantasmé, qui renvoie également à d'autres choses... !) de me demander d'arrêter de parler de ça. J'ai donc immédiatement cessé d'en parler, détourné la conversation sur la qualité du vin avant de l'entendre répéter : JE NE VEUX PAS QU'ON PARLE DE ÇA le visage déformé comme si elle allait pleurer (elle n'a pas pleuré). Plus que gênée, j'ai poursuivi la soirée comme si de rien n'était. Le temps que la nana se lève, suivie par 2 ou 3 garçons (bonne pêche !) qui lui proposaient mouchoir (qu'elle a refusé), épaule et réconfort. Un quart d'heure plus tard, la revoilà parmi nous, tout sourire, en train de nous parler de ses photos artisticoSM et de sa dernière aventure avec un black beaucoup trop amoureux d'elle, qu'elle avait éconduit parce qu'il parlait déjà mariage. BREF. 27 ans la fille. Et elle croit encore que le viol rend sexy. Je devrais lui offrir le bouquin de Lola Lafon. Il y a un truc commun à toutes les victimes du viol : elles ne parlent pas. Même que ça fait partie du viol. Et quand après des années de travail sur soi-même on parvient à porter plainte, c'est la Justice qui te musèle pour de bon avec pour motif l'absence de preuves car le viol c'est presque toujours le crime parfait. Pour la Justice c'est un non-lieu, c'est-à-dire qu'elle reconnaît seulement que c'est peut-être arrivé mais qu'il n'y a pas lieu de poursuivre, de punir le coupable. La Loi t'interdit alors de dire tout haut, par exemple, que c'est Frédéric-Alexandre Larinier qui t'a violée, qui t'a abusée moralement, sexuellement pendant des mois ! Bien que ç'ait été un sacré piège à loup dont tu mettras des années à te remettre, que tu aies des preuves, des témoins et le besoin que quelqu'un l'entende et que le coupable soit puni. Non, la Justice ne le permettra pas, la victime devra continuer à se taire et lorsqu'elle entendra quelqu'un parler de viol, comme ce soir là, du fantasme du viol chez Freud, elle ne dira rien. Elle blêmira juste de l'intérieur, sans mouchoir, sans épaule et sans réconfort.

lundi 10 mai 2010

japanimation

PAPRIKA [2006]

Studios : Sony Pictures Entertainment et Madhouse

De : Satoshi Kon [Japon]

Film d'1H30.

Minute papillon ! Je te connais par coeur : tu vas d'abord commencer par te plaindre, par me dire qu'il était grand temps. Que t'auras attendu une éternité - et l'éternité c'est long, surtout vers la fin - avant de me voir publier une autre chronique d'anime. Tout doux ! 9 mois c'est pas si long quand on sait que j'ai décidé de ne plus vous parler que des animes qui méritent vraiment le coup d'oeil. Des raisons valables ? Déjà parce que j'ai trouvé LE garçon, celui qui te fait comprendre qu'il n'y a pas que les animes dans la vie (indigne-toi comme la pauvre hère que tu es, tu finiras quand même par comprendre) et puis parce qu'un ami (tu t'es reconnu ?) m'a dit que je ne chroniquais que des animes de merde bien que j'ai un goût certain, un certain goût pour des animes de qualité. Il avait raison, le con. Donc, ahem, laaaaaaadies and gentlemen, voici (après une attente insoutenable) ... le CHEF D'ŒUVRE !

Qu'ont en commun Millenium Actress, Perfect Blue et Tokyo Godfathers ? Ce sont tous des animes pour les enfants qui rêvent certes, mais encore ? Oui, ils sont tous de M. Kon. Tout comme Paprika, son dernier né. Aussi, prépare-toi à en avoir pour ton argent, celui que tu verses pour ton abonnement internet j'veux dire. En ma qualité de fan, je m'attendais à un essoufflement logique, j'étais même toute disposée à lui pardonner. Mais il n'en est rien, M. Kon va une nouvelle fois t'en mettre plein les mirettes ! Cette fois-ci il est tombé sur un roman de SF japonais qui racontait une histoire incroyable : une équipe de scientifiques avait réussi à mettre au point une machine capable d'enregistrer nos rêves, la DC Mini. Quelle trouvaille ! On pourrait enfin se souvenir précisément de nos rêves, les partager, les mettre sur emule si ça nous chante. Aller chez le psy ça serait comme aller au cinéma, même qu'il te tendrait le paquet de pop corn au lieu de te tendre le paquet de mouchoirs. Hélas, la DC Mini échappe au contrôle de ceux qui l'ont mise au point, un rêve maléfique semble s'emparer de leurs rêves persos.. mais bon sang c'est le rêve d'un mégalo ! Réalité, rêves, fantasmes, folie, internet, personnalités et scénario finissent alors par se mélanger dans une formidable mélasse. Y'a-t-il un putain de responsable ?

Voilà. Tu aurais tort de vouloir me torturer pour en savoir plus : j'aime ça. Achète ou télécharge, c'est plus mon problème. Et que je t'y reprenne à traîner par ici !
L'auteur de ce blog ne pourra en aucun cas être tenu responsable des dommages mentaux avérés ou allégués consécutifs au visionnage de cet anime.

jeudi 6 mai 2010

literatura

SEX & LOVE ADDICTS [2010]

Sous-titre : Le vrai est un moment du faux.

De : Lucía Etxebarria [Espagne]

Mon édition : Héloïse d'Ormesson, mars 2010.

Roman de 333 pages.

Je te l'avais bien dit. Qu'il ne fallait jamais se fier aux titres d'Etxebarria, aussi racoleurs qu'une mini-jupe de strass argentée. Y'a plus qu'au cinéma qu'elle est encore le présage d'une chatte facile ou payable d'avance. A chaque fois que je sortais Sex & Love Addicts de ma besace, je craignais pour mon image. Pour qui je vais passer moi encore, avec un titre et une couverture pareils, hein ? Pour une nympho ? Pour une fille sans cervelle ? Ou pire : pour une fille naïve ? Mais j'oubliais bien vite ce questionnement idiot pour me replonger dans l'intrigue plus-que-prenante du bouquin : mais-bon-sang-qui-c'est-qui-a-tué-Pumuky ? Etxebarria a toujours raison en matière de séduction de toute : il vaut toujours mieux passer pour une bimbo que pour une intello. Les hommes trouvent ça moins compliqué, comme un accès rapide vers leurs fantasmes issus des boulards les moins suggestifs qui soient. Idiote = Oui-Oui au féminin. Bref : qui a tué Pumuky ? Ben on sait pas justement. L'occase pour Etxebarria de nous servir un autre roman polyphonique, concocté aux petits ognons sauce Guy Debord où chacun des persos nous raconte sa version des faits. En fait, par "version des faits" comprenez "leur histoire de cul ou d'amitié qui les liait à feu Pumuky". Force est de constater qu'Etxebarria a pris de la bouteille, qu'avouons-le son écriture s'est grandement améliorée et que son discours même s'est éclairci. Comme si tout ce qu'elle avait toujours voulu nous dire s'ordonnait, s'imbriquait, collait enfin. Et ça marche : Sex & Love Addicts fonctionne comme un onguent qui j'en suis sûre fera du bien à toutes les femmes, partout où ça fait mal.
Vas-y Lucía fais pas ta pute : dis-nous quel est ton secret !
P.S : Sex & Love Addicts est en fait le nom du groupe de rock alternatif dont Pumuky, personnage central du roman, était le leader. Lucía Etxebarria va jusqu'à leur créer un myspace, des profils Facebook, un vidéoclip et quelques chansons. Tout ça pour de vrai ! Pour nous montrer, très ironiquement et comme à son habitude, que celui-ci est vraiment un moment du faux.

lundi 26 avril 2010

literatura

L'ALCHIMISTE [1988]


De : Paulo Coelho [Brésil]

Mon édition : Livre de Poche n° 15090.

Roman de 189 pages.


C'étaient, pour la plupart, des histoires qu'il avait lues dans des livres, mais il les raconterait comme s'il les avait vécues lui-même. Elle ne saurait jamais la différence, puisqu'elle ne savait pas lire dans les livres. Page 32.


Copié-collé.

dimanche 7 mars 2010

music


RICHARD EINHORN : VOICES OF LIGHT


[États-Unis, 1995]

Seul un vrai mélomane aurait pu découvrir Voices of Light autrement qu'en ayant vu le film de Carl Theodor Dreyer : La Passion de Jeanne d'Arc, la version restaurée dans les années 80 du film muet de 1927. Ouvrez bien grand vos oreilles car ce film a tout de la légende : Carl voulait un film parlant mais le studio danois n'était pas équipé. Quand bien même, le film est tourné sans son. Ironie du sort, la censure ampute le film qui subit ensuite les sévices d'un incendie. Carl réussit à le reconstituer... pour être mieux perdu dans un autre incendie ! Un double non censuré du film est retrouvé 50 ans plus tard dans un hôpital psychiatrique norvégien. On décide alors de lui coller Voices of Light par dessus : c'est l'apothéose ! L'œuvre de Richard Einhorn irradie, glorifie, transfigure la pellicule désormais pleine de grâce. Croyez-le ou non, lorsque la biographie d'une œuvre ressemble à s'y méprendre à celle de son personnage principal, c'est que son créateur a touché au sacré, et que soit il a été puni par une malédiction pour avoir marché sur les plates bandes divines, soit il a été récompensé par un miracle pour être parvenu à réaliser tel prodige. Le chef d'œuvre de Richard Einhorn est une relique musicale à manier avec précaution car aucun de vous n'est digne de le recevoir. Toutefois, la quête en vaudra la chandelle : touchez seulement sa couverture et vous serez sanctifié, écoutez un seul de ses titres et vous serez guéri. Pour des siècles et des siècles.
Atteignez l'état de grâce en 70 min. !

vendredi 5 mars 2010

Mon avis sur la question II

LA RECHERCHE D'EMPLOI

Ce post fait suite à ma propre recherche d'emploi. Et à tout ce qu'on entend dire en ce moment sur le chômage.


Faut que ça change ! N'ai-je point intitulé ce blog une tribune ? Il est temps que je lève du poing, que je postillonne sur le premier rang, que je vocifère à qui mieux mieux car oui messieurs-dames j'ai des choses à dire ! Comment ça le micro n'est pas branché ?


Commençons par définir mon profil de chercheuse d'emploi. Suis du genre à tout vouloir tout de suite voyez ? J'ai pas attendu de recevoir mon diplôme de master pour chercher un emploi, diplôme que j'attends toujours d'ailleurs. Le jour même où j'ai passé ma soutenance de mémoire je me suis inscrit à Pôle Emploi. La semaine suivante je rencontrais ma conseillère et la semaine d'après j'ai reçu ma carte de demandeur d'emploi. Y'a quelqu'un qui a compris à quoi elle servait cette carte ? Six mois après elle ne m'a encore donné droit à rien cette carte. Juste elle remplace ma carte d'étudiante dans le portefeuille. Et voilà.

Puis j'ai obtenu mon premier CDD. De deux mois (je ne savais même pas que c'était possible d'être embauchée pour deux mois, sans faire de l'intérim) à l'Inspection du Travail (une embauche bien ironique). Ces deux mois seront sûrement les deux mois les plus heureux de toute ma vie active. J'ai appris que, effectivement, les fonctionnaires n'en branlaient pas une, ou pas souvent. Et j'ai pu voir tous les avantages auxquels ils avaient droit : pas de patron, rythme de travail peu soutenu, déjeuners de qualité à bas prix, réductions sur tout un tas de trucs, primes plus que douteuses (par exemple parce que la personne n'a pris aucune journée de congé maladie dans l'année ou parce qu'il reste des sous dans la caisse, somme non dépensée pour embaucher), salaire versé avant la fin du mois, nombreux RTT, etc, etc. Bref, aller au boulot c'était le pied. Je souriais dans le tram. Jusqu'à mon dernier jour de travail, le 31 décembre. Oui, ils avaient juste embauché quelques demandeurs d'emploi pour terminer le boulot de l'année, celui qu'ils n'avaient pas terminé. On est même allé jusqu'à me dire qu'on ne me gardait pas uniquement parce que toutes les administrations françaises ont reçu l'ordre de ne pas renouveler ces fameux CDD de deux mois afin de ne pas devoir nous payer, plus tard, le chômage ! Vive l'État !

Bref, il ne me restait plus qu'une chose à faire : trouver un CDI au plus vite. Au plus vite signifiant avoir le droit d'arrêter de faire des courbettes à ma mère parce qu'elle paye mon loyer, être enfin indépendante à 26 ans, après avoir obtenu mon bac +5, arrêter de vivre comme une étudiante et pouvoir accéder à l'âge adulte : maison, mariage, bébé, what else ? Alors je vais faire l'impasse du récit des conversations que j'ai avec mes parents depuis que je suis à la recherche d'un emploi. Elles sont communes à tous ceux qui ont des parents très angoissés, peu compréhensifs et qui n'ont jamais été au chômage. On a juste l'impression d'être moins que rien tant qu'on a pas ce fichu CDI en poche (avant c'était le bac, puis le master, demain ça sera le what else énuméré précédemment). Merci maman, merci papa !

On m'a dit d'envoyer des candidatures spontanées. Parfois on te répond, parfois on ne te répond même pas. Qui débouchent sur un entretien. Parfois on te rappelle, parfois on ne te rappelle même pas. Mais toujours pas de CDI, de CDD ou même de travail au black (si si ça existe encore, non seulement je connais des gens payés au black comme je connais des personnes qui sont payés pour traquer leurs employeurs, dans l'Inspection du travail la plus proche de chez vous, voir ma première expérience professionnelle post-universitaire) en vue. Merci 'sieur le DRH !

On m'a dit de chercher sur internet. Oui internet c'est une base de données magiques et bla et bla. Sauf qu'ils cherchent des profils qui ne ressemblent pas du tout au mien, c'est à dire qu'ils ne recherchent personne prêt à travailler dans la dignité et pour un SMIC malgré le bac +5 mention très bien. Ils recherchent surtout des personnes rares, ressemblant à s'y méprendre à la personne qu'ils cherchent à remplacer. Peut-être qu'il devraient arrêter de poster des annonces et essayer le clonage humain. Vive les entreprises !

On m'a dit de chercher dans le journal. Ben oui, dénicher la bonne annonce dans le journal, l'entourer au marqueur rouge, c'est vieux comme le journal. Hop ! Je débusque les trois derniers Topannonces.fr que j'ai reçu (journal d'annonces gratuit sur Montpellier), je décapuchonne mon marqueur et c'est parti... pas bien loin. Les annonces qui proposent un emploi tiennent sur une seule page, située à la fin du journal. 30% des annonces concernent des bars à hôtesses à la recherche de putes, 30% des entreprises à la recherche de commerciaux qui devront leur fournir des clients et 30% des arnaqueurs à la recherche de gens très désespérés pour accepter le boulot qu'ils proposent, des annonces rédigées sous la forme : devenez riche en travaillant de chez vous = danger danger danger. Vive les cons !

On m'a dit de me rendre à toutes les rencontres, forums, journées pour l'emploi. Je suis motivée et dynamique donc okay. J'y ai trouvé des sourires du genre Je garde votre CV mais n'y comptez pas trop, et du style Nous recherchons des BEP untel et des Bac Pro ceci. Oui mais moi j'ai un diplôme universitaire et je veux travailler ! J'en ai écumé des stands. Les grandes entreprises nationales s'y trouvaient toutes mais aucune ne m'a donné le CDI tant rêvé. En revanche j'ai compris que leur présence à ce genre de rendez-vous pour l'emploi était une forme de publicité gratuite déguisée : consommez chez nous car nous vous donnons des emplois. Même Mac Do et Carrouf ne m'ont pas embauchée quand j'étudiais ! Malgré le fait que j'ai bossé tous les étés depuis mes 16 ans. Vive la pub !

On m'a dit que je visais trop haut ou trop bas, que je ne cherchais pas assez ou mal, que c'était la crise, qu'il y avait du boulot partout si je regardais bien (où ça? j'ai des problèmes de vue aussi?), on m'a dit que le taux de chômage n'avait jamais été aussi élevé en France depuis 10 ans (10% des français sont demandeurs d'emploi) alors qu'à Montpellier le taux de chômage est supérieur depuis un bail : 13% aux dernières nouvelles. Ma conseillère Pôle Emploi m'a dit que ça serait dur pour moi. J'avoue : j'ai un diplôme et je veux travailler, ça sera pas facile non.

mercredi 3 mars 2010

literatura

UNE FIÈVRE
IMPOSSIBLE À NÉGOCIER
[2003]


De : Lola Lafon [France]

Mon édition : Flammarion, 1ère édition.

Roman de 340 pages.

Lola Lafon n'est pas un écrivain. Publier ce n'est pas accéder au rang d'écrivain. Lola Lafon sait parfaitement qu'elle n'est pas un écrivain lorsque Beigbeder lui téléphone pour lui dire que Flammarion est très intéressée par Une fièvre impossible à négocier. Il y a toujours deux choix dans la vie écrit Lola : se taire ou se révolter. Le choix s'arrête là. Aucun ne mène à une solution. Se taire ou se révolter cela revient toujours au même. Mais un seul de ces deux choix possibles nous permettra de pouvoir continuer à nous regarder tranquillement dans le miroir. Quand bien même nous voudrions ne pas devoir choisir, il y a toujours un moment où ce choix se présente à nous, impérieux, obligatoire. Pour l'héroïne du roman ça sera un viol. On a pas tous le déclic qu'on mérite. Landra ne peut plus reculer : elle choisit la révolte. Elle opte pour un groupe antifasciste, Étoile noire. Composé de gens qui comme elle ont décidé de se révolter, de ne plus se laisser faire. C'est la nausée, déjà présente avant ce choix impossible à négocier, qui se transforme en colère. C'est le combat du NON contre le SI. C'est le refus de continuer à vivre dans une société que l'on déteste. L'injustice contre l'injustice, la violence contre la violence. Mais aussi le bruit contre le silence, la révolution contre la résignation. Publier Une fièvre impossible à négocier plutôt que de ne pas le faire.
Sous le bitume, la plage.

mercredi 24 février 2010

literatura

CLARISSA [1933]

De : Érico Veríssimo [Brésil]

Mon édition : Globo, 1995, 54ème édition.

Roman de 192 pages.

Veríssimo, si vous l'ignoriez, est l'un des plus grands écrivains brésiliens du siècle dernier. Clarissa est son premier roman, avec tout ce que cela suppose. D'où les nombreux points en commun entre les personnages, les habitants d'une pension modeste de Porto Alegre, et l'écrivain. Chacun fonctionnant comme une facette de ce dernier. Un roman très personnel donc. Puisqu'il ira jusqu'à donner le même prénom à sa fille deux ans plus tard. Comme s'il l'avait déjà imaginée, aimée, créée avant de la procréer. Cependant, la Clarissa de Veríssimo ne ressemble en rien à celle de Richardson ou à celle de Zweig. C'est une adolescente rayonnante, curieuse, naïve. Une fleur qui éclot, loin de sa campagne natale. Issue d'une bonne famille, elle est gardée sous cloche. Aussi observe-t-elle le monde qui l'entoure avec une minutie désespérée, dans la tentative vaine de le comprendre sans l'expérience que cela demande. Tout le monde aime Clarissa surtout Amaro, un homme dans la fleur de l'âge qui s'interdit de vivre. Il la regarde avec une envie toute pédophile, déçu que le temps passe, qui la transformera en femme au foyer insignifiante, le corps déformé par les grossesses à venir. Mais Clarissa a d'autres projets. Elle s'efforce de penser que tout viendra, à point, à qui sait attendre. Et quand le grand jour arrive, c'est pour se rendre compte que l'on passe directement de l'attente à la nostalgie, avec rien entre les deux. Et que c'est ça vivre et grandir.
C'est comme un prisonnier qui - privé du spectacle complet de la vie, des vastes paysages libres - se divertit en examinant avec précision les plus petits détails de sa cellule.

vendredi 5 février 2010

literatura

VIRGIN SUICIDES [1993]

De : Jeffrey Eugenides [États-Unis]

Mon édition : J'ai lu n°5493, 2001.

Roman de 223 pages.

Virgin suicides : roman que l'on achète généralement durant l'adolescence après avoir vu le premier film de Sofia Coppola du même nom sorti en 1999.

La plus jeune des filles Lisbon se suicide. C'est le début de la fin. Qui saura trouver la raison de son geste ? Qui est ou quels sont les coupables ? Et si quelqu'un trouve la réponse, le cauchemar prendra-t-il enfin fin ? Aurait-on pu sauver les quatre sœurs Lisbon restantes d'une mort annoncée ?

Un roman à la forme interrogative. Et si on avait enlevé plus tôt la grille sur laquelle elle s'est empalée ? Et si on s'était bougé le cul, nous aussi, pour sauver les ormes d'un abattage abusif ? Et si on leur avait dit qu'on était fous amoureux d'elles et qu'on s'en occuperait dès qu'elles auraient atteint leur majorité ? Et si ça venait du sexe que les ados n'ont pas encore pratiqué et des cigarettes que Lux fumait en cachette ? Et si on avait porté plainte contre leur mère puritaine et son époux castré ? Et si le suicide était une maladie, un virus qu'elles se seraient refilé les unes les autres ? Et si ça venait de leurs vinyles, si ça venait du rock, des années 70, des suburbs, des Etats-Unis, de la planète Terre si pleine de défauts ? Et pour finir : si ça venait de la fin du rêve américain ? Ridicule conclut Eugenides. Avec des si on mettrait ta mère en bouteille.

"J'ai vu le film, il est vraiment bizarre." Normal pour un film d'ambiance tu crois pas ? Puis quoi de plus strange qu'un suicide ? Ceux qui ne cesseront jamais de mener l'enquête, leurs voisins du même âge, se rendront plusieurs fois compte qu'ils n'étaient finalement que des étrangers pour elles. Personne ne peut aboutir aux facteurs multiples d'un suicide. C'est un geste encore plus intime que le fait de se masturber. C'est un choix si personnel que bien des gens s'accordent à dire qu'il est égoïste. Quelles salopes ces sœurs Lisbon finalement, crever sans même avoir taillé une pipe à (pardon, sans épouser) ceux qu'elles obsèderont pour des siècles et des siècles. Et si c'était tout le contraire ? Personne ne saura jamais.
Lecture masochiste.

vendredi 29 janvier 2010

literatura

LE PÊCHEUR D'HOMMES [1918-1935]

De : Evguéni Zamiatine [Russie]

Mon édition : Rivages, 1989.

11 nouvelles de 149 pages.

Zamiatine, un nom à retenir. D'une part parce que son roman Nous autres a insufflé 1984 et Le Meilleur des mondes, si tu vois ce que je veux dire. Ensuite parce que les écrivains de cette trempe, ça ne court pas les rues. Si tu me demandes ce que j'aime lire, je te répondrai que j'aime bien Zamiatine. Ça résumera.
Un style épuré, une écriture qui s'immisce dans le récit, un regard ironique donc lucide donc intelligent. Que demande le peuple russe ? Tu vas sans doute me dire que c'est facile d'être un auteur génial du changement, de la transformation, de l'hallucination et du délire quand on est né en Russie à la fin du XIX°. J'crois pas. Certes, y'a de quoi devenir un peu fou, alors que c'est déjà pas coton du tout que de passer sa vie à répondre à la question Qui suis-je, quand en plus de ça, ton pays devient un sigle, Saint-Pétersbourg devient Petrograd puis Leningrad, que tu deviens citoyen, camarade et rouge tout à la fois. Et que malgré tous ces changements, de fou donc, au fond rien ne change. Pas de monde meilleur, pas de paradis sur terre, pas de rêve anticapitaliste, comme tu voudras. Y'a de quoi se taper une ou deux bouteilles de vodka et faire de l'art sanguinolent sur neige après que ta tempe ait résonné dans toute la taïga environnante. Mais les personnages de Zamiatine ne sont pas du genre à se suicider, même s'ils ont l'air d'y aller tout droit, vers la fin. Le délire arrive, il s'éclaircit, et puis tu continues aussi misérable que lorsque la nouvelle a commencé. Zamiatine est un écrivain profondément russe, je veux pas dire par là que c'est un écrivain engagé, mais que lorsqu'il écrit, ça fait des nuages de buée qui mettent du temps à se dissiper.
Le plus beau dans la vie, c'est le délire, et le plus beau des délires c'est d'être amoureux. Dans le brouillard matinal, trouble comme l'amour, Londres délirait. Rose laiteux, les yeux clos, Londres voguait, peu importe où.
P.S : Il y a même des conseils de drague : en Russie, femme qui rit n'est pas à moitié dans ton lit. Bien au contraire, si elle rit de toi, c'est que c'est mort. Au cas où tu t'apprêterais à aller faire le singe à Moscou dans le but de danser des troïkas horizontales, te voilà prévenu.

mercredi 13 janvier 2010

cooking

A COZINHEIRA DAS COZINHEIRAS [1941]

Traduction littérale :
LA CUISINIÈRE DES CUISINIÈRES.

De : Rosa Maria [Portugal]

Mon édition : Civilização, Porto, 32ème édition.

Livre de cuisine de 203 pages.

Vous croyiez, à tort, que Bree Van de Kamp n'était qu'un personnage de série télévisée ? Et bien détrompez-vous ! Mrs. Rosa Maria se proposait déjà, au tout début des années 40, d'inculquer des règles de savoir-vivre à toutes les portugaises ayant acheté son livre de recettes. Imaginez cela à la lueur de l'Histoire... En pleine dictature salazariste, durant la seconde guerre mondiale, une femme rédige un livre contenant plus de 500 recettes simples et expliquées clairement, car A cozinheira das cozinheiras ne pouvait pas être un livre de cuisine illustré à l'époque. Mettant ainsi tout son talent culinaire à la disposition de toutes les maîtresses de maison portugaises désireuses de s'occuper correctement de leurs foyers, en commençant par la chose la plus important pour elle : cuisiner de façon saine et économique. Tandis que des milliers de portugais, pour la plupart illettrés, mourraient de faim, un livre commençant par Manger beaucoup ce n'est pas bien manger voyait le jour à Porto. Ça vous rappelle quelque chose ? Cherchez bien...

Oui, il semblerait bien que la très désespérée Bree ait déjà existé, dans une vie antérieure, et qu'elle ait été portugaise. *Fière*
CAKES PARISIENS : Cassez et pesez 12 oeufs, préparez la même quantité de sucre et la moitié de cette quantité de farine. Séparez les blancs des jaunes et battez-les avec le sucre. Battez séparément les blancs jusqu'à obtention d'une mousse ferme. Mélangez cette mousse au mélange obtenu avec les jaunes et le sucre et battez le tout avec la farine. Après avoir bien mélangé remplissez de petits moules et enfournez-les à haute température. Les moules devront être préalablement beurrés.

mardi 12 janvier 2010

literatura

LE COLONEL DÉSACCORDÉ [2009]

De : Olivier Bleys [France]

Mon édition : Gallimard, 2009.

Roman de 340 pages.

Vous reprendrez bien une petite part de roman historique ? Celui-ci est fourré à la musique. Avec un arrière-goût de mission Stendhal. Non, on ne peut pas dire qu'il soit très léger, sans être bourratif pour autant. Entre les deux je dirais...

Mes amis m'offrent des livres. Pourvu que ça dure ! Car jamais je n'aurais acheté un roman qui parle du Brésil de la première moitié du XIXe siècle écrit par un français. Je connais tellement de grands auteurs, tellement de bons livres, publiés au Brésil. Déjà traduits ou qui mériteraient de l'être. Que pour moi ce genre de livre revêt plus du séjour touristique que de la littérature historique. Certes, Olivier Bleys s'est énormément documenté et il a séjourné au Brésil, ça se "voit", mais ça ne suffit pas. Ça n'aura pas suffit à me séduire du moins. La preuve en est des quelques fautes d'orthographe ou de traduction qu'il commet sur certains mots en portugais, pourtant faciles à corriger... Il lui aurait suffi de faire relire son texte par un de ses amis brésiliens. Ou encore ce dernier virage qu'il prend, à la fin du livre, offrant une bien piètre conclusion à son Colonel désaccordé. Nul doute qu'Olivier Bleys a modifié son intrigue lorsqu'il a découvert les romans romantiques brésiliens, notamment les œuvres de José de Alencar, cité en exergue du dernier chapitre. Mais Olivier, comment peux-tu terminer ton roman comme si celui-ci se voulait "ufaniste" alors que tu as perdu je ne sais combien de pages à parler du climat épouvantable au Brésil, blabla inutile aux yeux d'un lecteur brésilien ? Crois-tu qu'un lecteur avisé s'y laissera prendre ? Et qu'utiliser le mot "nègre" à la place du mot "noir" suffise à donner la distance nécessaire que ton regard européen se doit de garder ? J'attends ta réponse. Cordialement. Liria.
Max : Alors ? Olivier Bleys ? Bien ?
Liria : Bof. On dirait Max Gallo croisé avec un critique Club Med mélomane.