dimanche 19 juillet 2015

fooding


Adresse : 8 rue du Plan d'Agde à Montpellier.

Réservation : 04.67.57.35.03.

Pas de site.

Cuisine de nos grands-mères.

Je suis très mal élevée. Tandis que la plupart des blogueurs du moment on fait le choix de ne parler que des restaurants qu'ils ont aimés, je ne crains pas de vous déconseiller certains établissements. Qualifié par un ami de "piège à touriste" et par un autre de "bonne table", je me suis risquée à dîner chez Dédée-Jacqueline, ex-Tonton Bobby, un samedi soir de juillet. Le lieu, situé juste en face de l'entrée de l'église Saint-Roch, est idéal. L'accueil est bon, sans plus. Les prix sont corrects (environ 15€ le plat principal), la carte variée, les intitulés alléchants... des plats canailles, tout droits sortis des cuisines de nos grands-mères, copiant parfois celle des bouchons lyonnais. Plutôt gras pour la saison : nous optons pour des seiches, un jambon braisé, une cuisse de canard et des brochettes de bœuf. Une fois servis, j'ai immédiatement compris que nous n'allions pas nous régaler : je n'avais qu'une seule seiche qui allait s'avérer crue d'un côté, le jambon était caché sous la sauce, les brochettes avaient l'air triste, le canard ruisselait... On a mangé sans rien dire, on a payé sans prendre de dessert ni de café ni même leur carte et on est partis sans nous retourner.
Dédée et Jacqueline, les mémés de Boris (de Chez Boris à Montpellier) doivent se retourner dans leur tombe.

mercredi 8 juillet 2015

kinéma

LA LOI DU MARCHÉ [2015]

De : Stéphane Brizé [France]

Durée : 1h33.

Oh mon Dieu ! Un film avec Vincent Lindon ! OMD ! Je vais voir un film avec Vincent Lindon ! OMD ! C'était pas mal du tout ! Oui ! Il a mérité son prix d'interprétation masculine ! 
Ce n'est pas tant le fait qu'il est bon dans La loi du marché que son physique, mûr à point, affiné à la perfection, tendrement mijoté, pour interpréter un Thierry émouvant, plus vrai que nature. Et c'est là tout son talent. N'avoir vécu cinquante-cinq ans que pour interpréter ce rôle qui lui va comme un gant. Ce n'est pas lui qui joue, c'est chaque pore de sa peau. Comme autant d'inscrits à Pôle Emploi, qui s'exprimeraient à travers lui : joue Vincent, jouuuue ! Et voilà l'aboutissement de toute une vie : une insoutenable heure et demie, à se demander comment on en est arrivé là. A subir, à supporter, à tolérer et à accepter l'insupportable, l'intolérable et l'inacceptable loi du marché. Celle qui transforme les hommes en variables.
...AND JUSTICE FOR ALL

jeudi 2 juillet 2015

literatura

COMMENT PEUT-ON (ENCORE) ÊTRE UNE FEMME ? [2011]

De : Caitlin Moran [Angleterre]

Mon édition : Flammarion, 2014.

Oui, je sais, je sais : t'as failli ne pas lire cet article. Moi aussi j'ai tout de suite pensé à un énième bouquin de chick lit, où une nana occupant un poste à responsabilité se plaint des hommes auprès de ses copines, avant de s'enfiler une demi-douzaine de mojitos et de finir au lit avec le barman, qui s'avère être en fait le PDG de sa multinationale. Mais je n'y étais pas du tout. C'est l'auteur du bouquin en couv. Et ce livre est en quelque sorte sa biographie.

Elle utilise sa propre expérience pour défendre la condition féminine. Au début j'ai cru qu'il s'agissait d'une nana qui allait encore nous prodiguer maints conseils pour arriver à sa cheville, mais mes craintes se sont dissipées au fur et à mesure que je comprenais où elle voulait en venir. Elle aimerait que les femmes comprennent qu'elles sont toutes des féministes enragées. Qu'il n'y a pas d'autre façon de vivre quand on est une femme. On ne doit pas jouer le jeu de ceux qui les oppriment, à commencer par certaines d'entre nous. A partir de là, comprenez qu'il n'y a pas d'autre choix possible que celui qui consiste à se foutre de l'opinion des autres, au risque de passer à côté de notre vie. Autre chose : il faut vraiment qu'on arrête de juger les femmes qui ne veulent pas avoir d'enfants. Car en avoir, elle sait de quoi elle parle, c'est loin d'être de la tarte. Les femmes doivent être soutenues dans les deux cas. J'ai capitulé devant la justesse de ses propos et j'ai arrêté de dire à mes amies de faire des bébés, même si je suis très heureuse d'en avoir eu un. 
 
J'ai également trouvé que Comment peut-on (encore) être une femme ? n'était pas facile à lire : un lecteur français passant à côté, ou se fichant totalement, des nombreuses références à la culture britannique. Mais qu'il était tout de même très marrant, du fait de la personnalité de Caitlin et de ses 1001 anecdotes sur le star system et sa passion évidente pour son boulot de chroniqueuse musicale et journalistique. Essayer c'est l'adopter.
[...] tout le monde pense que les personnes souffrant de troubles alimentaires [...] ne sont que des rebuts. [...] De toutes les compulsions irrésistibles capables de vous détruire, toutes ont le potentiel variable d'exercer une certaine fascination perverse et malsaine - à l'exception de celle liée à la nourriture. Prenez, par exemple, David Bowie. Voilà un homme qui consommait tellement de cocaïne qu'il s'était mis à conserver son urine en bouteille dans le réfrigérateur, craignant que des sorciers "puissent la voler". Et pourtant [...] qui nierait que le fait que Bowie décrive maintenant son esprit comme "gruyérisé" par l'abus de cocaïne a quelque chose d'adorablement rock'n'roll ? Enfin, c'est David Bowie ! Ou imaginez Keith Richards, époque Glimmer Twins [...] Tout le monde l'adore ! [...] Mais imaginez si, au lieu de prendre de l'héroïne, Keith s'était mis à se goinfrer et à doubler de volume. S'il s'était pris de passion pour les spaghetti bolognaise, par exemple, ou s'il montait sur scène avec un Subway aux boulettes de viande de 30 centimètres de long à la main, et s'arrêtait entre chaque morceau pour mordre dedans. S'il errait jusqu'à Alphabet Street, pris de tics, en manque depuis quatre heures, cherchant désespérément du Babybel. [...] Arrivé à Their Satanic Majesties Request, tout ce qu'aurait exigé sa Majesté satanique serait une ceinture de 96 centimètres, et tout le monde se serait moqué des Stones et de leur chamallow géant de guitariste qui détruisait le concept même de rock'n'roll. [...] si les gens mangent à l'excès, c'est exactement pour les mêmes raisons qui les font boire, fumer, baiser à la chaîne ou prendre de la drogue. Pages 143-144.